Kolda sans ministre : les populations entre indignation et appel au pragmatisme (Reportage)



Le remaniement ministériel survenu samedi dernier, a laissé un goût amer au Fouladou, en haute Casamance. Pour la première fois en près de vingt-cinq ans, la région de Kolda (sud) ne compte aucun représentant au sein du gouvernement. Une absence qui suscite incompréhension, colère et débats passionnés dans les lieux publics comme sur les réseaux sociaux.

Au cœur de l’indignation, la non reconduction de Mountaga Diao. Beaucoup de Koldois estiment qu’à défaut d’un autre cadre local, son maintien aurait permis d’éviter ce vide symbolique. « Mountaga Diao, reconduit, aurait au moins été mieux que rien », fulmine un habitant rencontré au marché central. Le sentiment d’abandon est largement partagé.

Même dans les milieux éloignés de la politique, la frustration s’exprime. Yaya Zeus Baldé, président de la Ligue régionale de football, confie : « Un gouvernement sans un seul Koldois, c’est inexplicable ! C’est un recul de 25 ans pour Kolda. Avec tous ses cadres, Kolda mérite un meilleur traitement. »

Mais tous ne partagent pas ce point de vue. Lansana Badio, cadre originaire de la région, préfère relativiser : « L’absence d’un ministre pour une région est-il un frein à son développement ? A mon avis, ce qui importe, c’est de régler le problème de l'enclavement chronique et honteux de Medina Yoro Foula , de rendre attractif notre pôle du Sud, de réussir le Jub Jubal Jubanti dans tous les segments. Ce qui compte, c’est de se mettre au travail et d’arrêter les débats stériles. »

Un argument repris par ceux qui estiment que la présence d’un Koldois dans un gouvernement n’a jamais été une garantie de résultats concrets. « Les nombreux chantiers laissés à l’abandon malgré la présence continue de cadres de Kolda dans les précédents régimes en témoignent », tranche un enseignant à la retraite.

Au final, deux lectures s’opposent : pour les uns, l’absence de Kolda au gouvernement constitue une marginalisation injuste ; pour les autres, elle n’est qu’un symbole, l’essentiel étant d’attendre les actes et de juger le gouvernement sur ses réponses aux préoccupations des populations.

Entre indignation et appel au pragmatisme, le débat reste ouvert au Fouladou.

Ismaila Mansaly(correspondant)

Lundi 8 Septembre 2025 12:37


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