L’économie de la Chine devant celle des Etats-Unis ? Une histoire d’indicateurs



L’économie de la Chine devant celle des Etats-Unis ? Une histoire d’indicateurs
Depuis des années, l’affaire était entendue. Après être  devenue en 2013 la première puissance commerciale du monde  avec un volume d’échanges supérieur à celui des Etats-Unis, la Chine  était programmée pour devenir  la première puissance économique mondiale. Le Fonds monétaire international  (FMI) avait indiqué, dans des chiffres publiés en octobre, que c’est en 2014 que cet événement allait se produire.

L’affaire était passée relativement inaperçue, Le Monde en avait fait une grosse brève.
La Chine, première puissance économique mondiale

D’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI) publiées le 7 octobre, l’empire du Milieu deviendra en 2014 la première puissance économique mondiale, devant les Etats-Unis. Mesuré en termes de « parité de pouvoir d’achat » (PPA), ce qui permet de mieux prendre en compte ce que permettent d’acheter localement les devises de chaque pays, le produit intérieur brut (PIB) chinois devrait frôler les 17 400 milliards de dollars (13 562 milliards d’euros) d’ici à décembre, contre 17 170 milliards de dollars pour le PIB américain.

Une petite révolution. Même si elle était annoncée, la nouvelle est pourtant passée plutôt inaperçue. Peut-être parce que les calculs en termes de PPA, plus justes pour réaliser des comparaisons, sont un peu techniques. Peut-être aussi, soufflent certains économistes, parce que cette nouvelle hiérarchie bouscule la légitimité même d’un FMI, encore dominé par l’influence des Occidentaux, qui peine à réformer sa gouvernance pour donner plus de poids aux pays émergents.

Aujourd’hui, le sujet revient sur le devant de la scène, sous la plume d’un éditorialiste de Market Watch. Sous le titre, « C’est officiel, les Etats-Unis sont numéro 2  », Brett Arends pointe « un tremblement de terre géopolitique  » dans le fait que les Etats-Unis ne soient plus la plus forte puissance économique du monde, position qu’ils détenaient depuis 1872 après avoir  détrôné le Royaume-Uni.

Au début de l’année 2014, la Banque mondiale (BM) avait précisé le calendrier de cette révolution annoncée. Alors qu’initialement, les experts  de la BM avaient prévu cet événement pour 2019, ils avaient indiqué en avril dernier que la Chine monterait sur la première marche du podium dès cette année.

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Selon données du FMI, le produit intérieur brut (PIB) chinois se montera à la fin de cette année à 17 632 milliards de dollars tandis que le PIB américain s’élèvera à 17 416 milliards. Ces chiffres sont exprimés en parité de pouvoir  d’achat (PPA). En 2013, les deux pays étaient « à touche-touche » avec encore une légère avance pour les Etats-Unis. Le FMI prévoit que l’écart entre la Chine et les Etats-Unis ne fera que s’accroître selon cet indicateur dans les années à venir.

Selon les économistes, le PIB mesuré en PPA est le plus approprié pourcomparer  les performances économiques des nations, car il prend en compte ce que permettent d’acheter localement les devises  de chaque pays à partir  d’un panier de plus de 3 000 biens et services.

Si l’on prend comme étalon, le PIB nominal, calculé selon les taux de change officiels, alors les Etats-Unis continuent de largement devancer  la Chine. Selon les chiffres du FMI, le PIB américain sera à la fin de 2014 de 17 416 milliards de dollars quand celui de la Chine sera de 10 355 milliards.

De même, si l’on retient comme indicateur de la puissance économique d’un pays sa richesse nationale par habitant, la Chine dégringole à la 89e place d’un classement mondial dominé par… le Qatar.

Pour Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis  Asset management, le fait que la Chine affiche désormais le PIB en PPA le plus élevé du monde doit être  lu comme « la mesure de l’émergence chinoise, le reflet d’une puissance économique et politique  que la Chine n’avait pas il y a dix ans ». Selon l’économiste, « cela montre que l’économie américaine comme celle des pays développés ne sont plus à des tailles qui leur permettent de faire  la pluie et le beau temps. et qu’il leur faut compter  avec la Chine ». A l’Europe  de voir  comment ne pas être  exclue dans ce nouvel équilibre où dominent les Etats-Unis et la Chine, conclut Philippe Waechter.

LeMonde...



Mardi 9 Décembre 2014 16:47


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