L’instabilité dans le secteur boulanger à Castors : Consommateurs et boulangers indexent l’Etat

En ces temps où la polémique sur l’augmentation du prix du pain continue de défrayer la chronique des journaux, les populations de Castors se disent déprimées par cette inconstance dans le secteur boulanger qui embarrasse leur quotidien. En effet elles exhortent l’Etat « régulateur » à prendre ses responsabilités et à stabiliser le secteur.



Le bras de fer entre Etat et boulangers est loin de connaître son épilogue. Conséquence, il installe les populations dans une précarité totale. Excédés par cette situation, les consommateurs dénoncent un « laisser-aller » de la part de l’Etat. C’est le cas de ce pharmacien pour qui « depuis quelques années la clandestinité gangrène le secteur de la boulangerie et il y a beaucoup de brebis galeuses qui font que le travail n’est plus stable». Renseignant que la miche de pain est passée le jour de 150 à 200 FCFA dans le quartier où il vit à Castors, Birmane Touré voit que « même si les boulangers ont leurs raisons, la décision d’augmenter un prix doit émaner du ministère du commerce et non d’eux si on est dans un pays de droit ». L’homme de teint clair, la quarantaine sonnée pense « qu’il est temps que l’Etat et les boulangers se mettent autour d’une table pour faire sortir les Sénégalais de leur incertitude ».

Autres lieux, autres problèmes. Si la hausse ne s’est pas notée chez Cathy qui gère une gargote, le poids actuel du pain reste indésirable. « Les boulangers ont augmenté le prix du pain d’une manière secrète. Vu que le gouvernement leur a refusés la hausse, ils ont gardé le même prix mais ont diminué le poids du pain » argue-t-elle avant de poursuivre que ses clients ont même fait la remarque depuis quelques jours.

A rappeler que les gargotes ont beaucoup souffert lors de la grève des boulangers car leur travail est à la base du pain. Ce client du nom de Mapenda, trouvé en train de prendre tranquillement son petit déjeuner , assis sur un banc semble être très préoccupé par l’aliment préféré des Sénégalais le matin. Il prie l’Etat de trouver un terrain d’entente avec les boulangers car dit-il : « moi j’ai tout essayé lors de la grève mais franchement il n’y a pas meilleur que le pain ».

On n’a pas l’habitude d’autres aliments le matin donc on doit vraiment tout faire pour régler le problème » conseille-t-il. La proposition du Président de l’ASCOSEN, Momar Ndao, consistant à diminuer le poids de la baguette et à laisser intact le prix ne semble pas être appréciée à l’unanimité par les consommateurs qui jugent que le pain déjà ne contient que de l’air. Mansour Sarr, surveillant général dans un institut croit que « l’Etat devrait procéder au contrôle du poids avant d’entamer une quelconque négociation » tout en soulignant que « les boulangers exagèrent parce qu’ils savent que les sénégalais ne peuvent pas se passer du pain ».
Sur ce, M. Sarr veut attirer l’attention en proposant de retourner aux vieilles habitudes comme la bouillie. Reconnaissant qu’avec les activités en ville les gens n’ont pas de temps pour préparer le petit déjeuner, « cela avertirait les boulangers qu’il y a autre chose que le pain et de ce fait ils en tiendront compte » remarque le surveillant.

Cependant, les consommateurs ne sont pas les seuls à se chagriner de cette situation. Certains boulangers aussi estiment que l’instabilité n’arrange personne et qu’il est temps de se remettre au travail. A la boulangerie « Millénaire » de Castors, un des gérants, Moussa Ndiaye affirme qu’il n’a jamais été question de hausse de prix, ni de grève et encore moins de diminution du poids de la baguette dans sa boulangerie. Un fait étonnant qui est à l’encontre de la procédure de la fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS).

Un désengagement que le gérant aux cheveux blancs justifie en lançant « nous n’avons pas le même état d’esprit que ces gens et nous sommes des citoyens avant d’être des boulangers. Si on augmente le prix du pain, on fatigue les populations et non l’Etat ». Toutefois il n’a pas manqué de donner son avis sur la hausse du sac de la farine et soutient que « les gens en ont marre de cette polémique et que l’Etat devrait tout faire pour empêcher la flambée du prix de la farine au lieu d’appliquer la politique de diviser pour mieux régner en nous mettant en mal avec les populations ».

Mamadou Sakhir Ndiaye (Stagiaire)

Lundi 27 Septembre 2010 18:36


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