La Chine poursuit ses manœuvres militaires autour de Taïwan avec des tirs réels longue portée

Au deuxième jour de vastes manœuvres militaires autour de Taïwan, la Chine mène mardi 30 décembre de nouveaux exercices. Cette fois-ci, avec tirs à munitions réelles au large de l’île de 23 millions d’habitants. Qualifiés « d’irresponsable » par Taipei, ces exercices devraient aussi retarder l’arrivée et le départ de certains vols internationaux.



Pas moins de 130 avions de combat chinois ont franchi ces 24 dernières heures la ligne médiane du détroit de Taïwan pour voler au sein de l’espace aérien taïwanais, rapporte notre correspondant à Taipei, Romain Ouertal. Et 22 navires encerclent l’île.
 
Cette deuxième journée d’exercices marque donc un durcissement clair. La Chine ne s’est plus contentée de déployer avions et navires : elle a procédé à des tirs réels à longue portée, officiellement au nord de Taïwan. Depuis la côte chinoise, des roquettes ont été tirées en salve, visibles à l’œil nu depuis l’île de Pingtan, la plus proche de Taïwan, précise notre correspondante à Pékin, Clea Broadhurst.
 
Diffusés par le ministère taïwanais de la Défense mardi, les chiffres des avions de combat ayant franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan montrent que les militaires taïwanais suivent de près les manœuvres que l’armée chinoise mènent depuis la veille autour de l’île et qui simulent notamment un blocus de ses principaux ports. Le chiffre des aéronefs chinois reste cependant inférieur aux 153 repérés en octobre 2024, lors des dernières grandes manœuvres chinoises du même type.
 
« La Chine fait fi des attentes de la communauté internationale en matière de paix et sape délibérément la stabilité régionale avec son intimidation militaire. C'est une provocation flagrante contre la sécurité régionale et l'ordre international et j'exprime ma plus ferme condamnation », a déclaré le président taïwanais, Lai Ching-te sur Facebook.
 
« À 09h30 (01h30 TU), le 30 décembre, les forces terrestres du Commandement des zones orientales de l'APL ont mené des exercices de tir réel à longue portée dans les eaux au nord de l'île de Taïwan et ont obtenu les effets escomptés », a indiqué l'armée chinoise dans un communiqué. Pékin a également publié une carte détaillant cinq zones de tirs à munitions réelles, dont certaines à moins de 12 milles nautiques des côtes taïwanaises, une proximité inédite.
 
Les gardes-côtes taïwanais ont indiqué mardi avoir déployé 14 navires pour surveiller l'activité navale, « en employant une approche de suivi individuel afin de dissuader fermement les navires » chinois.
 
Une réponse aux « provocations continues des forces indépendantistes à Taïwan »
Le timing des exercices actuels ne doit en tout cas rien au hasard. Ils arrivent après des mois de tensions entre la Chine et le Japon autour de la question de Taïwan. Ils arrivent surtout après l’approbation par Washington à la mi-décembre d’un contrat d’armement de près de 11 milliards de dollars à destination de l’île, l’un des plus importants depuis 20 ans.

Ces exercices militaires pilotés par le Parti communiste chinois au pouvoir sont « hautement provocateurs et imprudents », a déclaré mardi un porte-parole du ministère de la Défense de Taipei, ajoutant qu'ils « compromettent gravement la paix et la stabilité régionales ».
 
La Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire et menace de recourir à la force militaire pour s'en emparer. « En réponse aux provocations continues des forces indépendantistes à Taïwan et aux ventes d'armes à grande échelle des États-Unis à Taïwan, nous devons bien sûr nous y opposer résolument et les contrer avec force », a réagi mardi le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
 
S'exprimant lors d'une conférence annuelle sur les relations internationales à Pékin, il a assuré que toute tentative visant à empêcher l'unification de la Chine et de Taïwan se solderait « inévitablement par un échec ».
 
Près de 100 000 passagers concernés par des retards ou déroutements de vols
Ces manœuvres chinoises devraient avoir pour conséquence de retarder ou dérouter certains vols internationaux pour éviter les zones dans lesquelles l’armée chinoise compte effectuer des tirs à munition réelles. Près de 100 000 passagers devraient ainsi être concernés ce mardi, en plus des quelque 800 vols intérieurs, internationaux et de transit, également affectés dans la journée.

RFI

Mardi 30 Décembre 2025 12:33


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