La descente aux enfers du légionnaire masqué

Les choses avaient mal tourné pour lui. Elles finissent de manière dramatique. Le légionnaire fanfaron de l’opération Serval, au Mali, était dans le collimateur du cabinet du ministre. Le voilà condamné à trois ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Carpentras, la justice civile, pour être entré demander des médicaments dans une pharmacie avec une kalachnikov déchargée.



On l’avait découvert masqué aux premiers jours de l’opération Serval au Mali , un foulard à tête de mort recouvrant son visage. Beau et con à la fois aurait dit Brel, mais somme toute, rien de grave. Si les exactions des soldats n’allaient jamais plus loin… Mais voilà. La photo avait fait le tour du monde, symbolisant les premiers jours du déploiement français au Mali, et au cabinet du ministre, on n’avait pas aimé.

    " Le soldat ne posait pas, il n'y a aucune mise en scène dans cette image "
" Tu fais tes bagages et tu rentres ". Cinq jours après la publication du cliché, le légionnaire avait senti passer l’orage. Retour au bercail, au régiment étranger de cavalerie d’Orange, conseil de discipline et à l’arrivée 40 jours de sanction. Là où les Américains sont dans la surenchère du " Warrior ", les Français sont appelés à se tenir. Surtout pour une mission où la France a été " au service du Mali " et pas en terrain conquis.

Et pourtant. Jusque-là, le foulard du légionnaire n’avait dérangé personnes dans sa hiérarchie. Au Tchad, où il était stationné, il le portait depuis trois mois sans avoir été réprimandé. Au Mali, le jour où un photographe de l’AFP prend la photo, il est en mission de sécurisation quand un hélicoptère se pose dans un nuage de poussière près d’un convoi. Pour se protéger, le légionnaire monte son foulard à tête de mort sur son visage. Le photographe explique alors : " J’ai repéré ce soldat qui portait un drôle de foulard et j’ai pris la photo. Sur le moment, je n’ai pas trouvé la scène particulièrement extraordinaire, ni choquante. Le soldat ne posait pas. Il n’y a aucune mise en scène dans cette image ". Il n’est pas au combat, il n’effraye ni femmes ni enfants avec son masque et pourtant c’est l’impression que va donner la photo, reprise par tous les news magazines. Certains verront dans cette image une référence à un personnage du jeu vidéo Call Of Duty (Simon Ghost Riley), où l’idée reste quand même de dézinguer le maximum de personnes en un minimum de temps.

       Le légionnaire s'est enfermé chez lui, se bourrant de médocs et d'alcool
Sanctionné, le légionnaire polonais de 36 ans est rentré chez lui. Dégoûté, il a déserté la Légion en juin, s’est enfermé chez lui, se bourrant de médocs et d’alcool pour oublier sa connerie où celle des autres, chacun jugera. Tout ça pour une photo. Une image. C'est vrai, le contraire de l’image que les responsables politiques veulent donner de notre armée : pro dans l’action, sobre dans l’attitude, généreuse avec les populations et chirurgicale dans la mort. Loin de Call Of Duty.

Mais c’est un mythe d’énarque ou d’élu. Ça fonctionne tant que l’ennemi ne vous fait pas trop de mal. Sinon ? Sinon on remet son masque de warrior pour se donner du courage et on repart au combat pour tuer et sauver sa peau. Parce que c’est ça faire la guerre.

Source : yahoo.fr






Olivier Ravanello

Mercredi 27 Novembre 2013 14:31


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