« La tentation du paraître : quand l’image prend le pas sur l’essence » (Par Marie Barboza MENDY)



Dans nos sociétés modernes, une nouvelle valeur s’est installée, parfois plus forte que la vérité elle-même : le paraître.
 
Nous vivons à une époque où l’on photographie son plat avant de le manger, où l’on affiche son bonheur avant même de le ressentir, où l’on mesure la réussite à l’aune des “likes” et des “followers”.
 
Cette quête d’apparence semble nous donner une place, une reconnaissance, une illusion de puissance. Pourtant, derrière cette vitrine scintillante, que reste-t-il de l’essentiel ?
 
Nos identités profondes s’effacent parfois sous le poids de l’image que nous voulons donner. On finit par se convaincre qu’il vaut mieux être vu heureux que de l’être vraiment. La course au paraître devient une prison invisible, où chacun rivalise de filtres, de postures et de symboles de réussite.
 
Regardons autour de nous : combien d’amitiés fragilisées par les comparaisons incessantes ? Combien de jeunes qui doutent de leur valeur parce qu’ils n’entrent pas dans les canons artificiels imposés par les réseaux sociaux ? Combien d’adultes qui se perdent à force de jouer un rôle pour correspondre à ce que l’on attend d’eux ?
 
Or, la dignité d’un être humain ne réside pas dans l’éclat superficiel d’une photo parfaite, mais dans la richesse intérieure, dans l’authenticité de sa parole, dans la profondeur de son humanité. Les anciens nous rappelaient que “l’arbre ne se juge pas à l’éclat de ses feuilles, mais à la solidité de ses racines”. La métaphore est précieuse : c’est ce que nous portons en nous qui nourrit notre vie, et non l’image passagère que nous projetons.
 
Se libérer du paraître, ce n’est pas refuser la modernité ni les réseaux sociaux ; c’est refuser qu’ils définissent notre valeur. L’outil n’est pas coupable, c’est l’usage que nous en faisons qui peut nous piéger. Publier, partager, communiquer, oui… mais sans se perdre dans l’obsession de plaire ou de séduire.
 
La vraie révolution de notre époque sera celle de l’authenticité : oser être soi-même dans un monde qui nous pousse à être quelqu’un d’autre. Et cette révolution commence en chacun de nous, dans ces choix quotidiens où l’on décide de rester fidèle à ce que l’on est, même si cela déçoit ou surprend.
 
Et si nous retrouvions le goût de la simplicité ? Le courage d’un sourire sincère, d’un geste gratuit, d’un silence habité. Et si nous réapprenions à partager sans attendre de retour, à écouter sans juger, à aimer sans calcul ? Car au fond, ce que nous cherchons tous, ce n’est pas d’impressionner… mais de toucher et d’être touchés.
 
Le paraître est une ombre ; l’être est une lumière. La question est simple mais essentielle : voulons-nous vivre dans l’ombre d’une image, ou dans la lumière de notre vérité intérieure ?

Marie Barboza MENDY
Chronique hebdomadaireRegards croisés d’une Franco-Sénégalaise
 
 
 
 
 
 


Mercredi 24 Septembre 2025 19:20


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