Lac Rose : le projet Orascom sous le feu de la contestation populaire



Ce week-end, le calme habituel du Lac Rose a laissé place à la contestation. Des centaines de riverains ont manifesté leur ferme opposition au projet immobilier et urbain porté par le groupe Orascom. Entre inquiétudes environnementales et sentiment de trahison, la tension monte d'un cran face à la Direction générale de la promotion de l’urbanisme (DGPU).
 
​Le Lac Rose, joyau du patrimoine naturel et touristique sénégalais, est au cœur d’un bras de fer de plus en plus tendu. Samedi dernier, les rues des communautés riveraines ont été le théâtre d’une mobilisation massive. Arborant des slogans hostiles au projet Orascom, les habitants ont défilé lors d’une marche pacifique pour exiger l’arrêt immédiat d’une initiative qu’ils jugent « incompatible » avec la survie du site.

Un patrimoine menacé par le béton
​Pour les manifestants, l’enjeu dépasse la simple question foncière; il s’agit d’une menace directe sur leur cadre de vie. Les craintes sont multiples : dégradations environnementales irréversibles, bouleversements sociaux et risques accrus pour la sécurité des biens. « Le Lac Rose ne saurait être sacrifié au profit d’intérêts privés », martèlent les membres du collectif.
 
​Pour ces populations, l'équilibre fragile de ce site emblématique, qui attire chaque année des milliers de touristes, ne peut supporter l'implantation d'un complexe industriel ou urbain d'une telle envergure.

Le « revirement » des autorités pointé du doigt
​La déception est d'autant plus vive que les habitants se sentent trahis par les nouvelles orientations politiques. Prenant la parole lors du rassemblement, le Dr Amath Wade, porte-parole du collectif de défense du Lac Rose, a rappelé que l’État avait, jusqu'ici, toujours sanctuarisé le site.
​« Le Lac Rose a toujours été protégé. C’est un symbole national. Nous sommes surpris et profondément déçus de constater que le nouveau régime semble aujourd’hui tenir un discours contraire, en félicitant des investisseurs étrangers pour un projet que la population locale a toujours refusé », a-t-il fustigé.
 
​Un déficit criant de concertation
​Au-delà du projet lui-même, c'est la méthode qui fâche. Les riverains dénoncent une absence totale de dialogue. Selon le collectif, aucune consultation préalable n'a été organisée avec les populations locales, premières concernées par les retombées du projet.

Cette opacité alimente la méfiance et laisse un sentiment d'exclusion sociale. Le silence du ministère du Tourisme est également jugé « inconcevable » par le Dr Wade, qui estime que ce département devrait être en première ligne pour protéger l'avenir touristique de la zone.
 
​Face à ce qu'ils considèrent comme un passage en force, les habitants du Lac Rose ne comptent pas en rester là. Le collectif de défense exige désormais des explications « claires et transparentes » de la part des autorités étatiques.

Déterminés à préserver ce patrimoine pour les générations futures, les manifestants ont prévenu : ils utiliseront tous les moyens légaux nécessaires pour faire barrage au géant Orascom. Le message est passé ; reste à savoir si l'État saura entendre le cri de colère des populations du Lac Rose.



Lundi 22 Décembre 2025 20:01


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