"habitué" à l'écouter depuis que je suis petit. Ce n'est pas normal !, s’exclame-t-il. Je ne devrais pas m'habituer à cette situation. Et là, j'écris pour rapprocher ces horreurs à moi, pour les voir en face. Pour moi, ce sont des personnages qui deviennent des personnes que je connais, ça m'affecte personnellement. »
Une évolution intime en cohérence avec son parcours personnel. Né en 1994, à Kinshasa, la capitale de la RDC, Israël Nzila décidé à un moment de partir 1 500 kilomètres vers l’Est, de faire des études de lettres et civilisation françaises à Lubumbashi, la deuxième plus grande ville du pays, avec trois millions d’habitants. « C'était d'abord cette envie de sortir, se souvient-il. Je voulais quitter mon quotidien. J’avais un désir de découverte. Je voulais être écrivain. » Tout cela sans renier ses racines, c’est-à-dire être le deuxième fils d'une fratrie de six enfants, et être né dans une famille d’instituteur.
« Mon père est jusqu’à aujourd'hui instituteur et on avait plein de livres chez nous. J'ai grandi dans une famille normale, une famille chrétienne, nous sommes tous très croyants. Nous avons grandi vraiment avec une tendresse maternelle. Il y avait des livres, de la littérature africaine aussi : Birago Diop [1906 – 1989, une des voix importantes du mouvement littéraire de la Négritude, NDLR], Césaire, que je ne comprenais pas à l'époque, mais je le voyais quand même. Et il y avait Senghor. Il y avait un peu tous ces grands noms de la littérature africaine. Et moi, je m'amusais beaucoup à lire Les contes d'Amadou Koumba [un recueil de 19 contes, originaires du Sénégal et d'autres pays africains, traduits en français par Birago Diop, NDLR]. Personnellement, je n'ai jamais connu des horreurs, même quand il y a eu la guerre de 1997. J'étais tout petit, donc je ne pouvais même pas m'en rendre compte. Ce sont des histoires qu'on m'a racontées toute ma vie. Le fait de ne jamais avoir vécu cela me questionne beaucoup sur ceux qui vivent ça. »
« Nous sommes faits de mots »
« L’humanité est sens dessus dessous, mais la poésie, elle, est restée ordonnée. » Une certitude surprenante, extraite de Clipping. Dans la pièce, Do se promène dans la forêt et sa mère lui explique que ce n'est pas seulement nous qui regardons et embrassons les arbres, mais que les arbres nous embrassent et regardent aussi. « Les arbres, comme les mots, ils sont là depuis toujours. Les arbres sont très vieux et les mots aussi. On les trouve. Comme ça on devient ce qui nous sommes. C'est nous qui allons vers la langue, nous l'embrassons, nous nous déversons ce qui est en nous dans cette langue. Après, nous utilisons ces mots-là pas seulement pour nous exprimer, mais pour avoir un contact avec le monde, même avec soi- même. Je pense qu'on est fait de mots. Et comme nous sommes faits de mots, les mots deviennent la principale chose pour nous. Les pensées et le langage deviennent la même chose », résume-t-il en joignant ses deux mains, admettant aussi une influence du grand poète et phare de la littérature africaine, Sony Labou Tansi, sur sa pensée.
Une évolution intime en cohérence avec son parcours personnel. Né en 1994, à Kinshasa, la capitale de la RDC, Israël Nzila décidé à un moment de partir 1 500 kilomètres vers l’Est, de faire des études de lettres et civilisation françaises à Lubumbashi, la deuxième plus grande ville du pays, avec trois millions d’habitants. « C'était d'abord cette envie de sortir, se souvient-il. Je voulais quitter mon quotidien. J’avais un désir de découverte. Je voulais être écrivain. » Tout cela sans renier ses racines, c’est-à-dire être le deuxième fils d'une fratrie de six enfants, et être né dans une famille d’instituteur.
« Mon père est jusqu’à aujourd'hui instituteur et on avait plein de livres chez nous. J'ai grandi dans une famille normale, une famille chrétienne, nous sommes tous très croyants. Nous avons grandi vraiment avec une tendresse maternelle. Il y avait des livres, de la littérature africaine aussi : Birago Diop [1906 – 1989, une des voix importantes du mouvement littéraire de la Négritude, NDLR], Césaire, que je ne comprenais pas à l'époque, mais je le voyais quand même. Et il y avait Senghor. Il y avait un peu tous ces grands noms de la littérature africaine. Et moi, je m'amusais beaucoup à lire Les contes d'Amadou Koumba [un recueil de 19 contes, originaires du Sénégal et d'autres pays africains, traduits en français par Birago Diop, NDLR]. Personnellement, je n'ai jamais connu des horreurs, même quand il y a eu la guerre de 1997. J'étais tout petit, donc je ne pouvais même pas m'en rendre compte. Ce sont des histoires qu'on m'a racontées toute ma vie. Le fait de ne jamais avoir vécu cela me questionne beaucoup sur ceux qui vivent ça. »
« Nous sommes faits de mots »
« L’humanité est sens dessus dessous, mais la poésie, elle, est restée ordonnée. » Une certitude surprenante, extraite de Clipping. Dans la pièce, Do se promène dans la forêt et sa mère lui explique que ce n'est pas seulement nous qui regardons et embrassons les arbres, mais que les arbres nous embrassent et regardent aussi. « Les arbres, comme les mots, ils sont là depuis toujours. Les arbres sont très vieux et les mots aussi. On les trouve. Comme ça on devient ce qui nous sommes. C'est nous qui allons vers la langue, nous l'embrassons, nous nous déversons ce qui est en nous dans cette langue. Après, nous utilisons ces mots-là pas seulement pour nous exprimer, mais pour avoir un contact avec le monde, même avec soi- même. Je pense qu'on est fait de mots. Et comme nous sommes faits de mots, les mots deviennent la principale chose pour nous. Les pensées et le langage deviennent la même chose », résume-t-il en joignant ses deux mains, admettant aussi une influence du grand poète et phare de la littérature africaine, Sony Labou Tansi, sur sa pensée.