Les États-Unis suspendent pour un mois leurs tarifs douaniers avec le Mexique et le Canada

Le président américain Donald Trump a suspendu ce lundi 3 février pour un mois son projet d'imposition de droits de douane au Canada et au Mexique, après l'annonce d'un renforcement de la lutte contre le trafic de fentanyl dans ces deux pays.



Après plusieurs jours de tensions, les États-Unis ont finalement trouvé un accord avec le Canada et le Mexique, accusés de laxisme dans la lutte contre le trafic de drogue et l'immigration clandestine. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a confirmé la mise en œuvre d'un plan déjà annoncé depuis des semaines. Le pays doit consacrer 1,3 milliard de dollars pour renforcer la surveillance de sa frontière avec les États-Unis, notamment avec des hélicoptères.
 
Ottawa s'engage également à nommer un responsable entièrement dédié à la lutte contre le trafic de fentanyl – un opioïde meurtrier –, et lancera une force d'intervention conjointe avec les États-Unis contre le crime organisé, a expliqué le chef du gouvernement démissionnaire sur X. Le Canada prévoit aussi d'inscrire les cartels sur sa liste des organisations terroristes, comme l'a fait Donald Trump lors de son retour au pouvoir.
 
Un peu plus tôt dans la journée, le président américain est parvenu à un « deal » temporaire similaire avec la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum, lors d'une conversation qu'il a qualifiée d'« amicale ». Le Mexique s'est engagé à envoyer 10 000 soldats supplémentaires à la frontière avec les États-Unis « pour stopper le flot de fentanyl et de migrants illégaux » aux États-Unis, a souligné le milliardaire républicain. En échange de quoi, le projet américain d'imposition de droits de douane de 25% est également suspendu pour un mois, comme pour le Canada. La présidente mexicaine a également indiqué que Washington s'était engagé à travailler pour éviter le trafic d'armes vers son pays.
 
Une guerre commerciale évitée de justesse ?
Donald Trump, qui a déclaré à de nombreuses reprises que « tariff » (droit de douane) était l'un des plus beaux mots du dictionnaire, ne cache pas y avoir recours comme une arme de négociation pour obtenir des concessions. Son choix de temporiser sera probablement accueilli avec soulagement par Wall Street, qui a terminé dans le rouge lundi, effrayée par la possibilité de droits de douane américains sur les produits provenant du Canada et du Mexique.
 
Le Mexique et le Canada avaient annoncé des mesures de rétorsion, augurant d'une guerre commerciale avec leur voisin d'Amérique du Nord. Justin Trudeau avait encouragé ses compatriotes à acheter des produits locaux et à passer leurs vacances sur le sol national. Sur les réseaux sociaux, des listes de produits américains à boycotter circulent largement et des provinces cesseront dès mardi de vendre toutes les boissons alcoolisées américaines dans les magasins qu'elles contrôlent. Lundi soir, la province canadienne de l'Ontario a renoncé à bannir les entreprises américaines des contrats publics, après l'annonce de l'accord américano-canadien.
 
Reste à savoir si Donald Trump va exécuter son projet contre la Chine, à qui il menace d'imposer 10% supplémentaires sur les droits de douane déjà existants. « Les guerres commerciales ne font pas de gagnant », a déclaré ce lundi l'ambassadeur chinois à l'ONU, Fu Cong, ajoutant qu'il ne pensait pas que rehausser les droits de douane « bénéficie aux États-Unis eux-mêmes ». Lundi, Donald Trump a assuré que des discussions entre les États-Unis et la Chine interviendraient « probablement dans les prochaines 24 heures ». Le Mexique, le Canada et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et représentent au total plus de 40% des importations du pays.

RFI

Mardi 4 Février 2025 08:43


Dans la même rubrique :