Les membres du collectif «Fouta-Tampi» aux portes de la capitale

​Jusque-là, les manifestations de colère et autres marches avec brassards rouges étaient contenues dans les limites territoriales du royaume du Fouta-Toro (Vallée du Sénégal). Samedi, diverses mouvements ayant pour noms « Talla-Dégage », « Président Yédjo-Fouta », « Podor-Debout », « Matam dit Non », Kanel va Mal », « Fouta-Insoumis » « Dande Mayo » se sont retrouvés sous la bannière « Fouta-Tampi » pour se faire entendre à Dakar, la capitale de notre pays. Au finish, la marche non autorisée a été stoppée et réprimée. Il y a eu aussi des arrestations qui ont concerné la plupart des meneurs et organisateurs comme Siré Sanghot du Mouvement des élèves et étudiants républicains (Meer).



« Désormais, c’est l’exode rural des brassards rouges ! » annonce Siré Sanghot, ancien coordinateur du Meer à Kanel. Qui n’exclut pas d’aller manifester jusque devant les grilles du palais présidentiel !

Malgré les nombreuses personnalités politiques et diplomatiques dont il dispose au sein, voire au sommet, de l’appareil d’Etat, le Fouta va mal ! Très mal même ! La quasi-totalité des habitants des quatre départements de Podor, Matam, Ranérou et Kanel vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté. Face aux inégalités sociales, à l’insécurité alimentaire et au manque d’emplois industriels, de nombreux jeunes ou bras valides sont contraints de quitter le Fouta pour migrer vers Dakar ou les autres pays africains à la recherche de moyens de subsistance.

Seulement voilà, cette fois-ci, les jeunes du Fouta, qui avaient l’habitude de manifester dans leur terroir déshérité, ont décidé de se faire entendre à Dakar même. D’où les manifestations déclenchées ces derniers temps dans la capitale à travers les mouvements « Talla-Dégage », « Fouta-Insoumis », « Président Yédjo-Fouta », « Podor-Debout », « Matam dit Non », « Kanel va Mal » et « Dande Mayo ».

Tous ces mouvements dénoncent la situation catastrophique, selon eux, du Fouta ainsi que le manque de considération dont souffrent ses populations. Et pour mieux se faire entendre, ces mouvements ont fini par se retrouver dans un concept de protestation qui a fait florès « Fouta-Tampi ».

Loin de leur contrée, les membres et organisateurs du collectif « Fouta-Tampi » ont décidé, cette fois-ci, d’investir les rues de Dakar pour laisser exploser leur colère et étaler leurs maux. Et, surtout, exprimer leur rejet de la classe politique du Fouta. A l’arrivée, la marche prévue le samedi 10 avril dernier a été stoppée et réprimée à la place de la Nation (Dakar) par les forces de l’ordre pour non autorisation.

Se confiant au « Témoin » quotidien, Siré Sanghot, ancien coordinateur du Meer/Kanel, rend un vibrant hommage à l’ensemble des jeunes du collectif « Fouta-Tampi » pour leur mobilisation malgré l’interdiction de leur manifestation par le préfet de Dakar. « Certes, des jeunes ont été arrêtés puis libérés par la police, mais cela ne fait que renforcer notre détermination. Car, nous réclamons la destitution du ministre Mamadou Talla de son poste de coordinateur départemental de l’Apr-Kanel.

Depuis son passage au ministère de la Formation professionnelle jusqu’à son arrivée au ministère de l’Education nationale, Mamadou Talla n’a fait aucune réalisation dans le département de Kanel. Politiquement, il a tout accaparé, avec sa famille. C’est pour protester contre cela que nous avions décidé de marcher pour remettre un mémorandum au président de la République sur les préoccupations des Foutankobés et sur le manque de considération notoire de certaines autorités investies de pouvoirs publics à notre endroit » explique l’un des membres du collectif « Fouta-Tampi ».

Selon Siré Sanghot, l’interdiction de la marche par le préfet de Dakar à la dernière minute résulterait d’un lobbying intense de responsables politiques de la région de Matam qui ont senti leurs intérêts crypto-personnels menacés par la vague de colère des Foutankobés. « Car, aucun motif légitime n’a été donné par l’autorité préfectorale pour justifier l’interdiction et l’arrestation arbitraire de nos membres. Mais c’est n’est que partie remise car le collectif « Fouta-Tampi » compte investir régulièrement les rues de Dakar jusqu’à ce que le président Sall nous débarrasse de certains responsables politiques » menace-t-il.

L’arbitrage du président Macky Sall attendu…
En tout cas, au moment où le président de la République parle de mise en valeur de l’expérience de la jeunesse sénégalaise et réoriente même les finances publiques vers les jeunes pour résorber la lancinante question de l’emploi, certains responsables du Fouta préfèrent la politique politicienne à coups de « door-marteau ». ». N’est-ce pas Siré Sanghot ?

« En lisant « Le Témoin » quotidien de ce jour (Ndlr, hier), je me suis dis que l’expression « Door-marteau » constitue la parfaite illustration de ces meetings-Apr dans le Fouta. Pis, ces responsables ont corrompu des milliers de jeunes Foutankobés afin de les mobiliser. Et pourtant, tous ces millions gaspillés pouvaient servir à aménager le bassin du fleuve Sénégal long de 1750 km et à revaloriser les terres cultivables du Walo pour la culture du riz, de l’oignon, de pommes de terre etc. Nous dénonçons également l’exclusion du Fouta des politiques du Prodac, de la DER, du projet agricole dénommé Agri-jeunes financé à hauteur 54 milliards de francs, les problèmes d’adduction d’eau, d’électricité, les abris provisoires, le manque criard d’enseignants, de lycées techniques mais également l’insuffisance de collèges et lycées dans toute la vallée. Sans oublier l’absence de personnel médical spécialisé et d’infrastructures médicales. Autant de maux qui font que nous demandons la démission de tous les responsables politiques du Fouta. Désormais, c’est l’exode rural des brassards rouges du Fouta jusqu’aux grilles du palais de la République » menace Siré Sanghot, l’ancien coordinateur du mouvement des étudiants et élèves de l’Apr, dans les colonnes du journal Le Témoin.

AYOBA FAYE

Mercredi 14 Avril 2021 09:57


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