Libertés publiques : Me Abibatou Samb et Alfred Bulakali plaident pour des sanctions civiles en cas d'offense...



La chaîne PressAfrikTVHD a consacré son Plateau spécial de vendredi aux restrictions de l’espace civique au Sénégal. L’émission a réuni Me Abibatou Samb, avocate au barreau de Paris et vice-présidente de l’ONDH, Alfred Bulakali, directeur régional de Article 19, et Denis Ndour, vice-président de la Ligue sénégalaise des droits humains, pour débattre de l’impact des restrictions des libertés dans le pays.
 
Me Abibatou Samb : « L’État doit se conformer à la Constitution »

Pour Me Samb, l’État, garant de la paix sociale, doit strictement respecter la Constitution et les engagements internationaux du Sénégal. « La Constitution est la loi fondamentale qui doit guider toutes nos actions. Nous avons aussi des accords internationaux que l’État doit respecter », a-t-elle rappelé.
 
Elle a également dénoncé une justice à deux vitesses et plaidé pour l’équité dans l’application des lois. « Les restrictions aux libertés doivent être proportionnelles et équitables, sans discrimination. L’égalité devant la loi est un principe fondamental que nous devons préserver », a dit la vice-présidente de l’ONDH.
 
Concernant l’article 80 du code pénal, qui parle d’offense au chef de l’État, elle estime qu’il est obsolète et devrait être supprimé. « Une plainte pour diffamation devrait suffire. Il ne faut pas donner aux dirigeants des outils juridiques pour réprimer la liberté d’expression », a-t-elle insisté.
 
Alfred Bulakali : « Il faut privilégier des sanctions civiles »

De son côté, Alfred Bulakali a plaidé pour des sanctions civiles plutôt que pénales en cas d’offense ou d’insulte. « Il faut clarifier la définition de l’offense pour éviter l’arbitraire et permettre à chacun d’exercer son droit à l’expression sans crainte de représailles ».
 
Il recommande que les poursuites ne soient pas engagées d’office par le procureur, mais laissées à l’initiative de la personne offensée. « Tant que ces lois ne sont pas révisées, il serait plus juste que les poursuites relèvent de l’individu concerné et non de l’État », a-t-il souligné.
 
Enfin, le directeur régional de Article 19 a souligné l’importance de l’éducation civique et citoyenne. Il estime qu’il faut mieux informer les citoyens sur les lois afin d’éviter des dérives répressives et de garantir un débat démocratique plus sain.
 

Moussa Ndongo

Samedi 15 Mars 2025 19:05


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