Libye: le flou règne sur les auteurs de l'attentat sanglant qui a frappé Benghazi

Le bilan de l'attentat meurtrier qui a frappé Benghazi en Libye lundi 13 mai est encore incertain. On parle d'une vingtaine de morts dans l'explosion en pleine journée d'une voiture piégée dans un quartier très fréquenté de cette ville symbole de la révolution libyenne.



Des centaines de personnes ont manifesté lundi 13 mai après l'attentat de Benghazi. REUTERS/Esam Al-Fetori
Trois corps sans vie et vingt sacs en plastique contenant les restes déchiquetés des autres victimes. Voilà ce qu'ont reçu les médecins de l'hôpital al-Jala de Benghazi, hier lundi, quelques heures après l'attentat. Des spécialistes sont au travail pour reconstituer les corps et déterminer le nombre précis de victimes de la voiture piégée qui a explosé à proximité de l'hôpital dans une rue peuplée à une heure de grande affluence.
C'est sans doute le détail le plus important dans cette ville habituée aux bombes et aux attaques meurtrières : jamais un tel acte n'avait été commis en plein jour et dans une rue peuplée. S'agit-il d'une erreur ou d'une volonté de faire le plus grand nombre de victimes possible ? Pour l'heure, les habitants de Benghazi se perdent en supputations.
Le ras-le-bol des habitants
Mais après une semaine où la ville a vu trois de ses commissariats ciblés par des attaques à la bombe, les habitants crient leur ras-le-bol. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté hier, réclamant le départ des milices armées de la ville qu'elles tiennent pour responsables de l'insécurité croissante à Benghazi.
Le gouvernement a fermement condamné cet acte terroriste tandis que l'armée a déployé en ville des unités spéciales pour rassurer la population. Aucune revendication de cet attentat n'est encore parvenue.
Pas de revendications officielles, mais des hypothèses
C’est la première fois depuis la révolution qu’une attaque de ce type frappe Benghazi : en plein jour, en pleine rue, tuant et blessant des civils. Selon une source des renseignements libyens, cette attaque ne porte aucun des signes d’une action des groupes jihadistes ou extrémistes libyens. Selon cette source, une telle attaque serait un véritable « suicide politique » pour ces groupes.
Sur les réseaux sociaux, un communiqué attribué au groupe Ansar al-Charia de Benghazi, soupçonné d’être impliqué dans l’attaque contre le consulat américain en septembre dernier, nie toute responsabilité. Dans ce communiqué, le groupe condamne cet acte qu’il qualifie de criminel et contraire à la religion.
Une page Facebook d’un autre groupe prétend revendiquer l’attentat, mais selon des experts des milieux extrémistes, cette page ne semble avoir été créée que pour incriminer des islamistes de la ville de Derna.
Pour le moment, l’attaque n’a pas donc pas été officiellement revendiquée et les rumeurs courent. Pour certains, il s’agirait de partisans de l’ancien régime, pour d’autres de réfugiés syriens, et pour d’autres encore ce ne serait qu’un simple accident. Certains y voient aussi la main de l’étranger.
L’insécurité est un problème constant à Benghazi depuis presque deux ans, mais jusqu’à maintenant la grande ville de l’Est n’avait connu que des assassinats ciblés de membres des forces de sécurité ou d’attaques contre des postes de police.

Source: RFI

Charles Thialice SENGHOR

Mardi 14 Mai 2013 09:42


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