Libye: le maréchal Haftar sur un porte-avions russe en Méditerranée

En Libye, une rencontre entre des responsables militaires russes et libyens a eu lieu mercredi 11 janvier sur le porte-avions russe Amiral-Kouznetsov. Le navire est en Méditerranée, de retour de Syrie, pour retrouver son port d'attache dans le nord de la Russie. La rencontre entre le maréchal Khalifa Haftar et les officiers russes hauts gradés a eu lieu au large de Tobrouk. L'enjeu annoncé : combattre le terrorisme au Moyen-Orient. Pour les Russes, le général Haftar est l'homme fort de la Libye avec lequel il faut compter, malgré ses mauvaises relations avec le gouvernement d'unité nationale.



C'est le ministre de la Défense russe lui-même, Sergueï Choïgou, qui s'est entretenu avec le maréchal Khalifa Haftar à bord du porte-avions. L'entretien s'est fait par vidéoconférence. Une fois revenu à terre, c'est en chair et en os que le maréchal a rencontré, sur une base militaire de Tobrouk, le chef d'état-major russe, Valéri Guérassimov.
 
L'objet officiel de ces entretiens : combattre le terrorisme au Moyen-Orient. Mais il a été aussi question de mettre fin à l'embargo sur les armes pour la Libye et de formation de l'armée libyenne par la Russie.
 
L'Amiral-Kouznetsov est le plus grand porte-avions russe. Il a mené depuis le 8 janvier des manœuvres militaires dans les eaux territoriales libyennes. Le tout en coordination avec les forces de Haftar. Ce porte-avions ne compte pas rester dans la zone, même si le président russe dit faire de la Libye sa priorité après la Syrie. Ces rencontres au plus haut niveau militaire en sont une preuve.
 
C’est aussi la preuve que pour Vladimir Poutine le maréchal Haftar est désormais, comme le dit le vice-ministre des Affaires étrangères russes, « une figure politique et militaire de première importance » et qu'il est essentiel que les Libyens trouvent un compromis afin de permettre sa participation au nouveau pouvoir.
 
Dans une récente interview à nos confrères de Bloomberg, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a souhaité que l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, favorise le rapprochement du général avec le gouvernement d'unité nationale afin de faciliter la lutte contre le terrorisme, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.
 
Le général Haftar, qui est aussi soutenu par l'Egypte et les Emirats, aimerait que la Russie lui livre des armes. Mais, « compte tenu de la situation militaire et politique dans le pays, cette idée ne suscite pas beaucoup d'enthousiasme chez nous », explique le ministre, car « on n'est pas convaincu de la capacité du pouvoir à garantir le contrôle de l'utilisation des armes ». La Russie respectera à la lettre la résolution des Nations unies, ajoute le ministre, soulignant toutefois que des exceptions sont prévues à cet embargo.
 
En tout cas, les deux partenaires sont prêts à réactiver la coopération technico-militaire. Avant la chute de Kadhafi, un contrat de 5 milliards de dollars avait été signé entre Moscou et Tripoli.

BBC Afrique

Jeudi 12 Janvier 2017 07:44


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