Macky Sall respecte-t-il son ministre de la Justice, Aminata Touré?



Le président de la République, Macky Sall semble être embarrassé par l’affaire des “biens mal acquis”. La tournure qu’elle a prise avec une médiatisation à outrance et les dignitaires de l’ancien régime qui sont en train de reprendre du poil à la bête après avoir été honnis par la population le 25 mars 2012 autorise une telle inquiétude. Serait-il (le chef de l’Etat) en train de chercher une porte de sortie dans cette affaire? Une question qu’on peut juger pertinente à la lumière des derniers développements notamment la polémique créée par l’annonce faite par Me El Hadji Diouf et soutenu par le ministre chargé de la Promotion de la Bonne Gouvernance et Porte-parole du Gouvernement relative à “une médiation pénale” avec les personnes poursuivies.

En effet, le président de la République a reçu un des avocats de l’Etat pour traiter ou évoquer avec lui le dossier sur ”l’enrichissement illicite”. En tant que clé de voûte des institutions, il a le droit de le faire sans l’avis de personne. Cependant, l’orthodoxie mais surtout la convenance voudrait que quand il traite d’un dossier imparti à un département ministériel qu’il le fasse en présence de l’autorité. Ce procédé de bonnes pratiques et de gouvernance démocratique permet simplement une traçabilité, une bonne coordination des actions de l’Etat. En décidant d’évoquer cette épineuse question avec le très "loquace" Me El Hadji Diouf et de lui faire même des révélations aussi graves qu’importantes, Macky Sall indispose sérieusement son ministre de la Justice. Il l’a mis dans une position plus qu’inconfortable.

Ce qui va le plus irrité Aminata Touré, ce sont les propos du député et avocat tenus lors de sa conférence de presse ce mercredi. "Ils disent que de toutes les façons c'est la justice qui doit s'occuper des quotités et des ratios qu'il faut abandonner ou non. C'est totalement faux. Aussi bien le porte-parole de la Présidence que Mme le ministre de la justice passent complètement à côté et montrent qu'ils ne maîtrisent pas le droit. Où est-ce qu'on a vu, dans une affaire où l'Etat est partie civile, un juge, un procureur ou même un président de tribunal dire : bon l'Etat va prendre 80% et laisser tomber les 20%? Seul le plaignant, seule la partie civile qui a quantifié son préjudice peut dire : je ne poursuis pas pour tant, je limite mes demandes à tel montant". Le ministre de la justice « Mimi Touré », patron du parquet qu’on surnomme souvent le ministère public ou l’avocat de la société, pourrait valablement jeter l’éponge si elle n’arrive pas à tout tirer au clair avec le Chef de l’Etat au cours d’un face à face. Cela s’impose quand on connaît l’opiniâtreté de celle-ci, qui depuis le début, a fait savoir que la procédure ira jusqu’au bout quoi qu’il advienne.

Macky Sall orchestre la symphonie dissonante en plein cœur de l’Etat


Le président de la République en rapport avec le Premier ministre est chargé de coordonner l’ensemble des dossiers de l’Etat pour leur conférer toute la cohérence et la déférence adéquates. Toutefois, il faut reconnaitre qu’actuellement, il est à la base du cafouillage au sommet de l’Etat que le pays est en train de vivre. Dès que Me El Hadji Diouf a donné la nouvelle, le porte-parole de la présidence de la République s’est empressé de démentir, ou à nuancer. Abou Abel Thiam qui est censé porter la parole de la plus haute institution n’a, apparemment pas coordonné ou consulté son supérieur hiérarchique avant de réagir. Il en est de même du journaliste et ministre chargé de la Promotion de la Bonne gouvernance, Abdou Latif Coulibaly, qui n’aurait pas pris langue avec le Premier ministre encore moins avec le ministre de la Justice, qui est la personnalité habilitée dans ce cas de figure. Des attitudes qui poussent les observateurs notamment la presse à dénoncer un cafouillage dans la communication gouvernementale. Ça tire dans tous les sens.


Cette révélation liée à la "médiation pénale" dans l’affaire des “biens mal acquis” qui a remis en scelle l’avocat Me El Hadji Diouf risque de discréditer le chef de l’Etat. Tous ces partenaires, mêmes ceux à qui cette mesure est destinée sont rebutés. Ils sont unanimes à la rejeter parce que le fait d’accepter de rembourser serait plus grave qu’une condamnation pénale. Ces dignitaires seraient poursuivis par l’œil de Caïn. De plus, partout où ils passeront, ils seront pointés du doigt et seraient, par conséquent, des cadavres politiques. Le député et avocat mouille ainsi Macky Sall et le met sous le feu des critiques. Des arguments que ces adversaires politiques se donneront du plaisir à utiliser pour le déstabiliser, souligner son incurie ou encore sa maladresse.


Jeudi 7 Mars 2013 18:30


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