Macky Sall sur la CREI et le procès Karim Wade: «Je resterai inflexible… Il n'y pas d'acharnement,...»

Présent à Washington pour le premier sommet États-Unis - Afrique, le président sénégalais a accordé une interview à "Jeune Afrique". Il y aborde sa relation avec Barack Obama mais aussi les questions d'actualité comme le procès de Karim Wade qui a débuté depuis le 31 juillet.



JeuneAfrique : Vous êtes le seul chef d'État africain à avoir reçu et à avoir également été reçu par Barack Obama. Estimez-vous avoir une relation privilégiée avec le président américain ?
Macky Sall : Il n'y a pas une relation d'amitié, mais plutôt une relation d'estime réciproque. Cela découle peut-être du fait que nous sommes nés la même année (1961, NDLR) et que nous sommes de la même génération. Je pense aussi qu'il a apprécié la politique que j'ai mise en œuvre dès mon élection, et qui correspond à nos convictions communes en matière de démocratie et de bonne gouvernance. Aujourd'hui, il règne un climat de fraternité entre nous.


Vous qui le connaissez personnellement, avez-vous le sentiment qu'il comprend l'Afrique ?
Le président Obama ne comprend certainement pas parfaitement l'Afrique mais il a au moins la volonté de comprendre. Il a dit, lors de son séjour à Dakar, que Nelson Mandela avait marqué sa vie. Il a ainsi tenu à emmener ses filles à Robben Island, pour qu'elles comprennent sa philosophie. C'est quelqu'un qui essaie de se rapprocher de ses origines africaines. Vous savez, l'Afrique est tellement compliquée que nous-mêmes ne maitrisons pas forcément sa grandeur, sa complexité ou encore sa diversité. Nous ne pouvons donc pas lui faire ce procès.


Comment interprétez-vous l'absence d'entretiens bilatéraux entre Barack Obama et les chefs d'État et de gouvernement africains lors de ce sommet ?
Je ne suis pas sûr qu'il n'y aura pas d'entretiens bilatéraux. Vous savez, tout est une question d'approche et de perception. Pendant deux jours, le président Obama va rencontrer ses homologues. Les entretiens se tiendront pendant les déjeuners, pendant les réunions, dans les couloirs... Il n'y a pas de refus d'échanger en tête à tête. Ses conseillers sont en relation avec nous. Nous dirons ce que nous aurons à dire.


Vous avez fait une promesse emblématique pendant l'entre-deux tours de la présidentielle de 2012 : réduire le mandat présidentiel de sept à cinq ans et vous y plier. Mais depuis, les Sénégalais attendent de savoir si la prochaine présidentielle aura lieu en 2017 ou en 2019. Allez-vous réduire la durée de votre mandat ?
Je tiens toujours mes promesses. Certains sont pressés que je fasse cette réforme rapidement, ce que je n'entends pas faire. Nous sortons des élections locales, il y a à peine un mois. Je n'ai pas envie de replonger tout de suite le pays dans une nouvelle campagne électorale. Quand aurons-nous le temps de travailler ? Je suis élu pour un mandat que j'exerce.


Donc, la prochaine présidentielle aura lieu en 2019 ?
2019 serait le terme des sept ans. J'ai voulu ramener mon mandat à 2017. Je saisirai le peuple au moment venu.


Vous avez choisi de faire de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), en sommeil depuis 1984, le bras armé de la traque aux biens mal acquis. Depuis, cette cour est accusée, notamment par des ONG, de ne pas mener un procès équitable dans l'affaire Karim Wade. Cette opération mains propres n'est-elle pas en train de se retourner contre vous ?
Le Sénégal a décidé de marquer une rupture par rapport à la gouvernance. Cette rupture s'est traduite par la réactivation d'une cour instaurée en 1981 par le président Abdou Diouf. Je l'ai simplement fait en nommant des magistrats, pour qu'ils reprennent du service. Sur cette base, des enquêtes ont été menées et des accusations faites, conformément aux procédures de la CREI. Il y a eu des recours qui ont été tranchés par le Conseil constitutionnel. J'ai décidé de défendre les intérêts publics de mon pays. Sur ce plan, je resterai inflexible. Il n'y pas d'acharnement, sur qui que ce soit. Vous seriez surpris par le nombre de dossier auxquels je n'ai pas donné suite.


Le procès de Karim Wade serait donc exemplaire ?
Oui. Il y a une défense et des parties civiles. Nous sommes en démocratie. Ce n'est ni à moi ni à qui que ce soit de porter un jugement sur ce procès. Il faut laisser à la justice le soin de juger........Intégralité de l'interview

Jeune Afrique

Mardi 5 Aout 2014 13:47


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