Mali: plusieurs centaines de personnes manifestent contre la dissolution des partis politiques

Organisé à l’appel d'une coalition de plusieurs dizaines de partis politiques maliens, le rassemblement qui s'est tenu samedi 3 mai était initialement prévu dans le Palais de la culture de la capitale malienne. Il s'est finalement tenu devant le bâtiment, des associations pro-junte et la police ayant empêché les manifestants de pénétrer à l'intérieur.



Des centaines de personnes ont manifesté, samedi 3 mai, à Bamako, à l'appel d'une large coalition de partis politiques qui redoutent leur possible dissolution par la junte au pouvoir, ont constaté des journalistes de l'AFP. Cette coalition d'une centaine de partis a « exigé la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025 » et appelé « à la mise en place d'un calendrier de retour rapide à l'ordre constitutionnel », dans une déclaration publiée après la manifestation.
 
Pas du tout impressionnés par la présence de plusieurs centaines de policiers, les manifestants ont notamment scandé « Non à la dictature », « Vive la démocratie ! » ou encore « Des élections, des élections ! » devant le Palais de la culture de Bamako. Initialement prévu dans le bâtiment, le rassemblement s'est finalement déroulé à l'extérieur, des associations pro-junte et les forces de l'ordre ayant empêché les protestataires de pénétrer à l'intérieur.
 
Un acte de contestation contre les militaires particulièrement fort
De grandes figures du mouvement démocratique malien comme l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoun Diallo, ou l’ancienne ministre Sy Kadiatou Sow, ont participé à la manifestation, ainsi que de jeunes leaders de la classe politique dont l'un d'entre eux a déclaré à des journalistes locaux : « Nous sommes venus, comme tous les démocrates, comme tous les citoyens, comme tous les patriotes qui se soucient de l'intérêt des libertés individuelles et collectives et du respect des lois de la république », avant d'ajouter : « Le combat pour la défense du multipartisme continue ».
 
La souveraineté n'appartient qu'au peuple qui a envie de l'exercer à travers les élections.
 
Sinon une grande première, ce rassemblement pour demander le retour à l'ordre constitutionnel au Mali représente en tout cas l'un des actes de contestation les plus visibles contre les militaires depuis leur arrivée au pouvoir par un coup d'État en 2021. Une réunion des responsables de l’opposition était prévue dans la soirée.
 
La manifestation s'est tenue malgré le climat de répression et les risques de représailles alors que les autorités ont annoncé le 30 avril l'abrogation de la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques, une décision interprétée par des juristes comme une étape vers leur dissolution. Cette annonce était intervenue au lendemain d'une concertation organisée les 28 et 29 avril par le régime - mais largement boycottée par les partis d'opposition - qui a recommandé la suppression pure et simple des partis politiques. La concertation a également suggéré de proclamer le chef de la junte, le général Assimi Goïta, président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans passer par les urnes. C'est à lui qu'il revient désormais de décider de l'application ou non de ces recommandations.
 
« Nous condamnons fermement toute tentative de restriction, de suspension ou de dissolution des partis politiques », affirme également la coalition dans sa déclaration. Elle précise enfin rejeter « les conclusions » de la concertation des 28 et 30 avril tenue « sans représentativité réelle » et les considère « comme nulles et non avenues ».

RFI

Dimanche 4 Mai 2025 11:06


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