Médias et députés A-320 Neo. Par Birame Faye



Les citoyens sénégalais doivent voyager dans les meilleures conditions, quel que soit le moyen de transport emprunté. Un chef d’Etat doit disposer d’un avion qui offre toutes les garanties de sécurité, mais acquis dans la transparence. 

En prenant le porte-parole du Gouvernement aux ‘’maux’’, les paiements prévus dans le cadre de l’acquisition du nouvel avion présidentiel, ‘’Airbus A-320 Neo’’, ont été budgétisés depuis 2019. Tenons-nous bien, dans le budget du ministère des Forces armées.

S’il y a un brin d’unanimité à l’Assemblée nationale, c’est bien l’examen du budget des Forces armées. Les députés le votent les yeux fermés. Sans débat. La session plénière est souvent pliée en 5 minutes. 

Le gouvernement a donc joué avec la confiance aveugle des Parlementaires, en introduisant dans ce budget jamais examiné pour ne pas déplaire à l’Armée, des crédits prévus pour l’achat d’un ‘’Air Macky Neo’’. 

Toutefois, la curiosité parlementaire devait être attirée par la hausse régulière du budget de ce ministère à travers les Lois de finances initiales et les Lois rectificatives, depuis quelques années. La Lutte contre le terrorisme et le ‘’programme Armée 2025’’ demeurent encore de beaux prétextes pour gonfler le budget de ce département. 

De toute façon, les députés n’ont ni surpris, ni déçu. Ils ont l’habitude de statuer sur des enjeux stratégiques, les yeux fermés et en chantant.
Par contre, pourquoi les médias sénégalais n’ont-ils pas flairé cette affaire depuis 2019, alors qu’ils ne ratent jamais les sessions plénières ? Trois marathons budgétaires consacrés aux lois initiales, en plus des sessions relatives à l’examen des lois de finances rectificatives, c'est quand même beaucoup. Sans oublier les probables Lois de règlement.

A l’instar des députés, sont-ils parties prenantes du consensus aveugle qui prévaut à chaque fois qu’il s’agit d’examiner l’argent du contribuable alloué à l’Armée ?

Le constat est que les journalistes ne prennent pas assez de temps pour examiner les projets de budget, ligne par ligne. Mais, à coût sûr, certains d’entre-eux étaient au courant de cette opération d’achat lancée depuis trois ans. Visiblement, il y a autocensure à un certain niveau. Chose facile dans un pays où les contre-pouvoirs n’assument pas assez leurs rôles.
L' autre amer constat qui peut expliquer ce raté éditorial est que les médias ont choisi de ramasser et de consommer les informations qui leur parviennent. Que d’autres produisent. 

 Au Sénégal, il y a très peu d’initiatives journalistiques propres sur les questions de transparence et de bonne gouvernance des ressources publiques en général.
Tout de même, une partie de la presse préfère assurer le service après-vente, en justifiant le caractère économique et sécuritaire de l’opération d’achat d’un nouvel avion. Une démarche pas si mauvaise, car le citoyen a besoin d’être éclairé. A chaque étape d’une opération qui engage des deniers publics, et non pas en aval seulement.

Par conséquent, ce choix éditorial de ces médias parait facile. Il aurait plus servi à quelque chose, sur cette question précise, si le citoyen à qui le gouvernement a caché cette opération, avait été alerté plus tôt. 
La fierté du journaliste a été sauvagement fouettée sur cette opération d’achat d’Air Bus. Ainsi marche une presse qui n’enquête pas.

Birame Faye, journaliste 

AYOBA FAYE

Vendredi 28 Mai 2021 22:52


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