Ouest de la RDC: le groupe Mobondo qualifié de rebelle par l'armée, pas par certains chercheurs



Depuis 2022, l’ouest de la République démocratique du Congo est secoué par un conflit qui a déjà fait plus de 5 000 morts et provoqué le déplacement de 280 000 personnes, selon des chiffres des humanitaires. À l’origine, un différend foncier dans la province du Mai-Ndombe, dans le territoire de Kwamouth, entre les communautés Teke et Yaka. Mais ce conflit s’est étendu et rapproché de Kinshasa, au point de prendre aujourd’hui les allures d’une rébellion persistante, selon un porte-parole de l’armée.L’armée affirme avoir identifié l'un des bastions du groupe Mobondo, dans la commune de Maluku, à l’est de la capitale, où seraient planifiées des attaques, avec un cœur localisé au village Bolingo. Alors, s’agit-il encore d’un conflit communautaire ou désormais d’une rébellion ? Sur le terrain, tous ne parlent pas de rébellion.

Certains chercheurs appellent à la prudence. Pour eux, le phénomène Mobondo en RDC est loin d’être homogène. Les groupes actifs dans le territoire de Kwamouth, dans le Maï-Ndombe, et ceux présents dans la commune rurale de Maluku, à Kinshasa, n’ont ni les mêmes problématiques ni les mêmes objectifs que ceux observés dans la province du Kwango, par exemple. Les Mobondo ne constituent donc pas, selon ces analyses, un groupe armé centralisé, avec une direction unique et un projet politique clairement défini. 

Yves Kipalamoto, est chercheur à l'Université de Kinshasa. Ses travaux portent sur la nature juridique des mouvements Mobondo au regard du droit hummanitaire. Il explique à Patient Ligodi, les raisons pour lesquelles il est difficile, aujourd’hui, de qualifier les Mobondo de rébellion.

Mais pour l’armée congolaise, il s’agit bien d’une rébellion. Première raison avancée : des revendications de conquête et de contrôle territorial. Selon les FARDC, certains villages pris par ces groupes ont été rebaptisés, des populations chassées, et de nouveaux chefs coutumiers identifiés puis installés.
Deuxième élément : l’armement. L’armée affirme que ces groupes utilisent aussi des armes de guerre. Lors de la dernière opération menée dans le village de Bolingo, l’armée a perdu cinq militaires et enregistré plusieurs blessés, dont le commandant d’un bataillon.

Troisième point, la structure. L’armée dit avoir récupéré des documents, consultés par RFI, avec des annotations manuscrites et des signatures, des actes de nomination de responsables militaires. Certains combattants sont même détenteurs de cartes d’identification indiquant leur grade et leur poste d’attache.

RFI

Mardi 30 Décembre 2025 09:18


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