Perdus dans le bruit : l’urgence du silence intérieur (Par Marie Barboza MENDY )



Chronique hebdomadaire Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise 
 
Trop connectés, mais à quoi ?
Nous n’avons jamais été aussi joignables, aussi visibles, aussi exposés. Les notifications s’enchaînent, les messages fusent, les écrans nous happent. On commente, on partage, on réagit. Mais au fond, que reste-t-il de nous dans tout ce vacarme ? Quelle est cette étrange fatigue qui nous gagne, alors même que nous sommes constamment « en ligne » ?
 
Ce que nous perdons, sans parfois nous en rendre compte, c’est le lien avec notre intériorité. Dans le tumulte de l’instantané, on s’éloigne peu à peu de cette voix intérieure qui nous murmure l’essentiel : qui nous sommes, ce que nous aimons, ce que nous refusons. Le bruit du monde devient si fort qu’il couvre notre propre chant.
 
Le silence comme acte de souveraineté
Dans nos cultures africaines, le silence n’a jamais été un vide. Il est espace. Il est respect. Il est réflexion. Les anciens savaient se taire pour mieux entendre. Aujourd’hui, nous avons inversé les choses : nous parlons pour exister, nous crions pour ne pas sombrer dans l’oubli. Mais à quel prix ?
 
Retrouver le silence intérieur, ce n’est pas fuir le monde. C’est reprendre possession de son esprit. C’est se reconnecter à son souffle profond. C’est prendre le temps de sentir, d’observer, de comprendre avant d’agir. Dans une société qui valorise la vitesse, le silence devient un luxe. Et parfois, un acte de résistance.
 
Savoir se retirer pour mieux revenir
Il est urgent d’apprendre à nous déconnecter, non pas pour nous couper des autres, mais pour mieux nous retrouver. Osons la pause. Osons dire non. Osons ne pas répondre tout de suite. Osons ne pas publier aujourd’hui. Osons rester avec nous-mêmes, ne serait-ce qu’un moment, sans masque, sans filtre.
 
Ce n’est pas dans le bruit du monde que l’on trouve sa vérité. C’est dans ces instants suspendus, entre deux battements de cœur, quand plus rien ne nous distrait de l’essentiel.

Une révolution intérieure
Et si la vraie modernité, c’était cela ? Savoir s’écouter dans un monde qui parle trop. Savoir choisir le silence là où tout le monde s’agite. Savoir revenir à soi, humblement, profondément.
Car avant d’être une image, une voix ou une posture publique, nous sommes des êtres d’intériorité. Et c’est là, dans ce silence fécond, que naissent nos plus grandes idées, nos plus belles révoltes, nos amours les plus vrais.

Marie Barboza MENDY
 


Mercredi 10 Septembre 2025 21:55


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