Premier scrutin national libyen en près de 50 ans ce samedi

Jour historique ce samedi 7 juillet en Libye, où les citoyens se rendent aux urnes. Les bureaux de vote ont ouvert. Il s'agit du premier scrutin national en près de 50 ans dans ce pays où la vie politique était inexistante. Depuis la fin de la guerre, une multitude de partis politiques ont vu le jour. Peut-on deviner quelles seront les tendances des résultats de ce scrutin ?



Un volontaire prépare les urnes avant le début du scrutin à Syrte le 6 juillet 2012. REUTERS/Anis Mili
En l'absence de sondage d'opinion dans ce pays sans expérience du pluralisme depuis 1964, difficile de définir le rapport de forces. Assistera-t-on au raz-de-marée islamiste qu'ont connu la Tunisie puis l'Egypte ?

Comme chez ces deux voisins, les partis islamistes sont les plus organisés sur le terrain. Les Frères musulmans se targuent d'avoir été dans l'opposition à Kadhafi depuis des décennies. Un des partis qu'ils ont investi Justice et construction présente pas moins de 150 candidats. El Watan, la formation de Abdelhakim Belhaj, ancien djihadiste et commandant militaire de Tripoli, est celle qui a le plus de visibilité dans les grands centres urbains. Mais les partis libéraux aux programmes politiques et économiques ambitieux séduisent aussi les Libyens. Ainsi de Mahmoud Jibril. L'ancien Premier ministre du CNT, à la tête d'une coalition de 64 formations politiques, jouit d'une grande popularité.

Mais ce scrutin fait la part belle aux candidatures individuelles. 120 sièges leur sont réservés dans la future assemblée. Ces individuels ont fait campagne sur le terrain avec les moyens personnels, plus ou moins importants, dont ils disposent.
Cette offre morcelée et la nature de la société libyenne prompte à choisir les candidats sur des bases tribale et personnelle devrait déboucher sur une assemblée à la composition éclatée.

Les défis du scrutin

La haute commission électorale devrait relever les défis techniques du scrutin. Les élections locales à Misrata, Benghazi et Tajoura ont été un succès du point de vue organisationnel et logistique, avec un taux de participation élevé.

En revanche, le personnel de la commission n’est pas à l’abri d’opérations coup de poings de la part de groupes armés proches des fédéralistes de Cyrénaïque, visant à perturber le scrutin. Les fédéralistes appellent à boycotter le scrutin. Ils ont vandalisé les locaux de la commission électorale de Bengazi dimanche. Jeudi ce sont ceux d’Al Jdebya à environ 150 kilomètres plus à l’est qui ont été saccagés, la commission électorale assure que les dégâts de sont pas irréparables.

Plus grave, un hélicoptère transportant du matériel a essuyé des tirs dans le ciel de Benghazi hier, un membre de l’équipage a été tué.

Un mode de scrutin très complexe

Les autorités de transition ont opté pour un scrutin complexe pour des libyens privés d’élection durant quarante deux ans.
Sur les 200 sièges que compte le Conseil général national, 80 seront attribués à des partis, 120 à des candidats dits indépendants. Ces derniers n’étaient pas censés recevoir d’aide financière et logistique de la part des formations politiques durant la campagne qui a duré 18 jours. Le projet initial qui prévoyait de réserver un quota de 10% des sièges pour les femmes a été abandonné. Le scrutin pour les candidats indépendants est uninominal et majoritaire, la proportionnelle a été retenue pour les listes. Dans certaines circonscriptions, les électeurs auront seulement à choisir parmi des indépendants, dans d’autres seulement parmi des listes de partis, existent aussi des circonscriptions où ils voteront pour les deux. Des campagnes d’éducation civiques ont été organisées à travers le pays par le biais de vidéos et d’affiches, mais les schémas et les graphiques n’étaient guère éclairants et parfois même déroutants. Il n’empêche, les Libyens se sont inscrits en masse sur les listes électorales, 80% des Libyens en âge de voter se sont déplacés.
Source: RFI

Charles Thialice SENGHOR

Samedi 7 Juillet 2012 11:22


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