Rapport CENTIF 2024 : plus de 2 milliards FCFA de transactions suspectes détectées sur les plateformes de jeux en ligne



Le Rapport d’activités 2024 de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) consacre une large partie aux vulnérabilités du secteur des jeux et paris en ligne, devenu un terrain fertile pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.


Selon la CENTIF, les investigations ont mis en évidence des transactions suspectes dépassant 2 milliards de FCFA, opérées à travers des plateformes de jeux, parfois non agréées au Sénégal. Ces flux financiers concernent des dépôts en ligne suivis de retraits rapides en espèces, sans logique économique claire.


« Plusieurs dossiers ont révélé que des individus utilisaient les plateformes de paris comme canaux pour intégrer des fonds d’origine douteuse dans le circuit formel », note le rapport. Dans certains cas, les mises étaient systématiquement suivies de retraits immédiats, sans réelle participation aux jeux.


La CENTIF souligne aussi que certaines plateformes exploitent des moyens de paiement alternatifs, comme les portefeuilles électroniques ou les cartes prépayées, rendant plus complexe la traçabilité des fonds. « L’opacité de certains opérateurs, notamment ceux basés à l’étranger, accroît considérablement les risques », prévient-elle.


Le rapport fait état de dossiers où des réseaux organisés recouraient aux paris sportifs en ligne pour recycler de l’argent issu de trafics. L’un des schémas identifiés consistait à effectuer de multiples dépôts fractionnés sur différents comptes de jeu, avant de les centraliser et de procéder à des retraits massifs.


La CENTIF attire également l’attention sur l’exposition des jeunes à ce phénomène. La forte popularité des paris sportifs en Afrique de l’Ouest constitue une porte d’entrée idéale pour les criminels, qui recrutent parfois de jeunes parieurs comme prête-noms.


Face à cette menace croissante, la cellule recommande un renforcement de la régulation et de la coopération internationale. « Les établissements financiers et les opérateurs de transfert d’argent doivent renforcer leur vigilance face aux flux liés aux plateformes de jeux en ligne », insiste le rapport.


La CENTIF appelle aussi à la mise en place d’un cadre juridique clair pour contrôler les opérateurs de jeux virtuels, certains n’étant pas enregistrés sur le territoire national. « L’absence de contrôle expose le pays à des risques accrus de blanchiment et de financement du terrorisme », avertit-elle.


En 2024, la CENTIF a transmis 62 dossiers représentant 102,19 milliards de FCFA aux autorités judiciaires, dont plusieurs liés aux activités de jeux et paris. Pour la cellule, la menace est sérieuse : « Les jeux en ligne constituent aujourd’hui un vecteur majeur de blanchiment, qui appelle une vigilance accrue de tous les acteurs concernés. »



Mercredi 17 Septembre 2025 21:54


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