Sahel: la FIDH dénonce la «convergence régionale des pratiques de répression»

Dans un rapport sur la « convergence régionale des pratiques de répression au Sahel » publié ce jeudi 20 février, la Fédération internationale pour les droits humains et l'Organisation mondiale contre la torture révèlent les nombreux cas de « harcèlement » voire d'« attaques ciblées » qui ciblent les défenseurs des droits humains et autres « voix discordantes » au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.



Il y a les cas d'arrestations et de détentions arbitraires, assortis de harcèlement judiciaire – les plus nombreux – comme Ras Bath et « Rose vie chère », voix critiques du régime au Mali, entre autres. Il y a les enrôlements forcés, au Burkina Faso, comme Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, militants du Balai citoyen. Là encore, il s'agit de cas parmi d'autres.
 
Le rapport de 48 pages extrêmement fouillé que publient ce jeudi la FIDH et l'OMCT dénonce aussi les arrestations de journalistes : exemples au Niger avec Samira Sabou, présidente de l'Association des blogueurs pour une citoyenneté active, ou Soumana Idrissa Maiga, directeur de publication de L'Enquêteur. Ces deux cas ne sont pas isolés. Au Tchad, c'est la restriction de la liberté de réunion pacifique qui préoccupe le plus les auteurs du rapport. Depuis que six figures de la société civile ont été « arbitrairement arrêtés avant d'être condamnées » en 2022, « la liberté de manifester est considérablement restreinte », décrivent les deux organisations.
 
« Au moins » 61 cas
Les noms des victimes, les cas minutieusement décrits, mériteraient tous d'être restitués dans le détail. La liste est malheureusement bien trop longue. Pour la période du 1er janvier 2020 au 30 septembre 2024, au Mali, au Burkina, au Niger et au Tchad, le rapport recense onze cas de disparitions forcées et de torture, quatorze cas d'arrestations, détentions arbitraires et harcèlement judiciaire, huit cas de messages de haine, menaces et intimidations, onze cas d'attaques contre des journalistes et atteintes à la liberté d'expression, neuf cas d'atteinte à la liberté d'association et huit cas d'atteinte à la liberté de manifestation. Total : 61 cas « au moins », précisent la FIDH et l'OMCT, qui savent leur travail tristement non exhaustif.
 
Le rapport explique comment la législation est souvent dévoyée pour devenir un « outil de répression redoutable » du fait de « l'utilisation abusive de certaines lois », avec notamment le recours au chef d'accusation flou d'« atteinte au crédit de l'État », au Mali, pour emprisonner les voix discordantes. Ou le décret sur la « mobilisation générale », au Burkina, pour justifier des enrôlements forcés d'opposants politiques.
 
Dans un contexte d'« impunité », les deux ONG appellent Bamako, Niamey, Ouagadougou et Ndjamena à « libérer l'ensemble des défenseurs des droits humains arbitrairement détenus » et à « mettre fin à toute forme de violation des droits fondamentaux ».

RFI

Jeudi 20 Février 2025 08:37


Dans la même rubrique :