Sénégal : le numérique pourrait générer 1100 milliards FCFA et 280.000 emplois d’ici 2030



Le Sénégal traverse une période charnière, avec un potentiel économique considérable à exploiter. Selon le nouveau rapport de la GSMA, présenté ce vendredi lors du « Digital Africa Summit Senegal », des réformes ciblées dans les domaines de l'accessibilité, des compétences et de la réglementation pourraient permettre de connecter 2,6 millions de Sénégalais supplémentaires à Internet d'ici 2030, tout en générant 1100 milliards FCFA de valeur économique et en créant 280 000 nouveaux emplois.
 
L'étude a cependant souligné que malgré une infrastructure mobile solide, avec 97 % de couverture 4G et 39 % de couverture 5G, le pays est freiné par un écart d'usage important, 54 % de la population vivant en zone couverte n'utilise pas l'Internet mobile. Cet écart est principalement attribué au coût élevé des appareils, un smartphone d'entrée de gamme représentant 19 % du PIB mensuel par habitant, ainsi qu'aux lacunes en compétences et aux barrières d'accès réglementaires.

Angela Wamola, Directrice Afrique de la GSMA, a d'ailleurs insisté sur le fait que l'enjeu principal est de réaliser la Vision Sénégal 2050 en misant sur le numérique pour l'équité et l'inclusion. Elle a déclaré que, si le Sénégal « dispose de tous les ingrédients pour devenir l’une des économies numériques les plus dynamiques d’Afrique », des millions de personnes « restent freinées par le coût des appareils, les lacunes en compétences et les barrières d’accès ».

Poursuivant, elle a mis en avant l'opportunité pour l'industrie de « travailler en partenariat avec le ministère, le régulateur, afin de renforcer, de développer et d'améliorer les infrastructures numériques, les compétences numériques, les stratégies en intelligence artificielle ». « Je pense qu'avec ces actions, le Sénégal continuera de rester en tête en Afrique, comme l'un des leaders africains en matière d'économies numériques », a-t-elle déclaré.
 
En réponse à ces défis et pour soutenir l'ambition du pays dans le cadre du « New deal Technologique 2034 » et de la « Vision Sénégal 2050 », le gouvernement a annoncé une réforme fiscale majeure. Le représentant du ministre des Finances et du Budget, Malan Faty, a indiqué que le « ministère élabore actuellement un cadre fiscal rénové qui sera formalisé par la révision du Code général des Impôts et du Code des Douanes dans les prochaines semaines ».

Cette nouvelle approche reposera selon lui, sur la « distinction entre la fiscalité de rendement pour la stabilité budgétaire et la fiscalité de développement » ainsi que pour « l'inclusion et l'incitation aux investissements ». Malan Faty a insisté sur le fait que « le Sénégal ne fera jamais le choix d'une fiscalité punitive, il fera le choix d'une fiscalité qui accompagne la croissance intégrale du secteur ».
 
Actualisation de l'environnement juridique

De son côté, le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Aliou Sall a soutenu cette analyse, affirmant que le pays dispose d'acquis solides mais que l'enjeu n'est plus seulement d'être connecté, mais d'être « capable d'utiliser le numérique comme un instrument d'opportunité ».

Il a souligné que la stratégie nationale du « New Deal Technologique », lancée sous l'impulsion du Président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, fixe des objectifs clairs, « porter la contribution du numérique à 15 % du PIB national à l'horizon 2035 et garantir une connectivité universelle ».

Ces objectifs, a précisé Aliou Sall, « traduisent une volonté politique forte de moderniser l'administration et de faire du Sénégal une référence en matière de souveraineté et de résilience numérique ». Son département s'est d'ailleurs, selon le ministre, engagé dans l'actualisation de l'environnement juridique du secteur, notamment le « Code des communications électroniques », soulignant que sans « un cadre réglementaire agile et la protection des infrastructures critiques, il n'y a pas d'investissement durable ».
 
La stratégie du gouvernement converge avec les cinq réformes prioritaires identifiées par la GSMA, notamment en visant à améliorer l'accessibilité financière par la suppression des taxes sur les smartphones d’entrée de gamme et l'encouragement de la production locale de terminaux. De plus, le gouvernement s'engage à garantir un environnement d’investissement prévisible et à renforcer la confiance par l'accélération de » l’e-gouvernement, des paiements numériques et par le renforcement de la cybersécurité via le CERT National et la modernisation du cadre de protection des données ».
 
 Augmentation des recettes nationales 

L'Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) a fermement exposé sa vision soulignant que « la régulation n'est plus une simple fonction administrative, mais un instrument stratégique indispensable à la souveraineté nationale et à la croissance ».

« Le régulateur sénégalais se positionne comme le garant de la qualité, de la concurrence et de la sécurisation des investissements, agissant au cœur de la mise en œuvre du New Deal Technologique », a déclaré Dahirou Thiam, Directeur ARTP.

Pour atteindre les objectifs de l'économie numérique, la démarche de l'ARTP s'articule autour de trois impératifs :  Moderniser le marché en commençant par prévenir les déséquilibres et garantir une concurrence saine, Le deuxième point consiste à protéger le consommateur en assurant la qualité des services rendus aux citoyens et instaurer la transparence et enfin, sécuriser l'investissement par garantir la clarté du cadre réglementaire pour attirer les capitaux ».
 
Par ailleurs, l’ARTP, s'engage ainsi à faciliter le partage d'infrastructures actives et passives et à garantir un accès équitable aux ressources rares, notamment les fréquences et les données, jugées comme des « actifs souverains ».
 
Ces actions, complétées par le lancement du nouveau Start-up "Act", visent à transformer l'accès numérique en un impact réel et significatif, capable de générer une augmentation des recettes nationales de « 417 milliards FCFA » et d'améliorer durablement les conditions de vie des populations. L'ambition, partagée par l'État et ses partenaires, est de faire du Sénégal un véritable « laboratoire de solutions digitales au service du continent ».
 


Vendredi 5 Décembre 2025 19:03


Dans la même rubrique :