Sénégal, une caserne d’Ali baba ou le débat vole bas !



« Et voilà… voilà que ça recommence ». Disait Alpha Blondy dans l’une de ses chansons. « Tempiri », qu’il y signifiait par le mot imbécile, semble poursuivre sa mission de destruction chez nous. Un combat se prépare, encore sur les ruines des rêves de délivrance du peuple. Des « samouraïs » s’apprêtent, de part et d’autre de la scène politique, à se donner des coups au nom du parti ou de la coalition. Ils se connaissent très bien, les uns et les autres. Ils savent où se trouvent les points forts et les points faibles de leurs adversaires pour ne pas dire ennemis.De quoi s’agit-il finalement ? Hé bien, d’une « guerre de tranchées » entre des amis d’hier. Et comme le dit le proverbe : « l’ami d’hier est le pire des ennemis ». Aucun parmi ceux là qui veulent monter sur le ring des déballages médiatiques n’est réellement préoccupé par le souci de transparence ou par le développement du pays.

Cette question sur l’enrichissement illicite est un jeu de cache-cache entre « voyous » de la république… rien d’autre. La majeure partie de ces gens est devenue riche ou à l’abri du besoin, elle et ses progénitures, grâce à des schémas rocambolesques d’enrichissement répréhensible lorsqu’elle était aux commandes de la république : « Gouverner c’est toujours voler ». Disait Maxime Ndébéka, une parole très pertinente quand on sait qu’il y a à la fois « le vol direct et le vol indirect » difficile à prouver à cause des mécanismes qui l’encadrent comme la corruption et la concussion. Peu de gouvernants échappent à cette vérité. Aujourd’hui, d’un camp comme de l’autre, on aiguise les armes pour aller à l’assaut final de l’ennemi dans ce champ d’hypocrisie. Le peuple ne les intéresse pas ; l’éclatement de la vérité non plus. Qui est propre… qui est malpropre ? Nous disons que la réponse ne sortira pas de cette campagne médiatique dérisoire qui vient de commencer.

Le peuple a intérêt à ne pas se laisser piéger par ces combattants louches et atypiques. Aujourd’hui, ils ont du temps, de l’argent et de la stratégie pour aller au champ de bataille politicienne autour de ce micmac politico-financier aux relents de guerre de gangs et le soir manger leur méchoui. Pendant ce temps, le peuple continue de souffrir atrocement. La véritable réalité sur l’origine de toutes ces richesses faramineuses, de part et d’autre, ne sortira pas de la poussière qui va entourer les pas de ces cavaleries de la médiocrité.

L’argent du pays est parti et l’Etat doit jouer son rôle pour le faire revenir en commençant par balayer devant sa propre porte. Que chacun de ses membres accepte de faire sa déclaration de patrimoine en donnant les preuves de son origine licite. A partir de ce moment, nous applaudirons des deux mains quand il s’adressera, par le biais de ses organes compétents en la matière, au recouvrement des biens du peuple dilapidés par d’autres, quelque soit leur rang actuel ou passé. Un tel travail ne demande pas autant de tintamarre s’il est vrai qu’il relève strictement des prérogatives exclusives du pouvoir judiciaire.

Tant qu’il existera le doute sur l’origine de certaines richesses des membres du pouvoir actuel, ses adversaires vont s’y appuyer pour montrer qu’il y a bien deux poids deux mesures, de façon honnête ou malhonnête. L’Ethique ne va nulle part sans l’équité.

Ces derniers jours, le débat autour de cette question d’enrichissement illicite nous a fait honte parce qu’il a malheureusement confirmé Hervé Bazin : « L'honorabilité n'est que la réussite sociale de l'hypocrisie. » Avec ce pingpong polluant de nos hommes politiques, notre peuple risque de ne jamais quitter sa pauvreté et les vœux de développement harmonieux et durable resteront toujours des vœux pieux ; et ni programme des Assises nationales, ni Yonu Yokkuté ni changera rien. Arrêtons de faire du Sénégal une caserne d’Ali Baba où le débat vole bas !

Enfin, nous demandons au président sortant d’accepter de prendre de la hauteur, de ne pas se mêler à ces « accusations-contraccusations ». Il a le devoir de respecter son rang d’ancien chef d’Etat et de laisser aux principaux intéressés le soin de défendre leurs dossiers. Si la justice a besoin de son éclairage et de sa collaboration dans le cadre de son travail, il peut répondre. Autrement, il doit se taire et rester gentlemen. Abdou Diouf ne l’avait pas gêné dans l’exercice de son mandat, il doit suivre cet exemple en cessant de s’agiter dès qu’on parle de son fils dans des affaires de gestion des deniers publics le concernant. Il est majeur et vacciné. Il avait accepté de prendre des responsabilités publiques. Aujourd’hui, il doit assumer toutes les conséquences qui pourront s’en découler. Pour ça, nous pensons profondément qu’il n’a pas besoin d’un « baby-sitter ».


Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie
Directeur administratif du Cabinet Thorinius Consulting
Membre du Pôle programme de Macky 2012
E-mail :ndickedieye@yahoo.fr


Tafsir Ndické DIEYE

Mardi 13 Novembre 2012 18:55


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