Sénégalais abattu à Ajaccio : «la France a basculé dans le racisme décomplexé», selon Dr Zang Pénélope

Mohammed Gueye, un Sénégalais âgé de 26 ans, armé d’un couteau, a été mortellement touché par une balle ce samedi 20 décembre dans le centre-ville d’Ajaccio, lors d’une intervention policière. Moins de 24 heures après les faits, Zang Pénélope, docteur en littérature comparée, a livré une analyse que PressAfrik vous présente In Extenso



Ce samedi, en Corse, la police a tué un homme noir, un Sénégalo-belge nommé Mouhamed Gueye. Il déambulait dans une avenue connue d'Ajaccio, l'air erratique. On dit qu'il avait une arme blanche, un couteau. Les images montrent en effet cet homme, la démarche branlante. Je peux comprendre qu'il ait pu faire peur. Mais je ne peux pas comprendre qu'on ait eu à l'abattre, comme un chien, en plein jour. Et encore, même un chien aurait eu un meilleur traitement.

Cet homme est la risée des réseaux sociaux, où des témoignages d'extrême droite, racistes et odieux, sabrent le champagne à l'annonce de la mort d'un homme. D'ailleurs, plusieurs nient l'humanité de ce dernier, plaignent plutôt le couteau, la vraie victime de l'affaire.

Depuis les dernières européennes, la France a basculé dans le racisme décomplexé, et il ne se passe plus une semaine sans que des politiciens et leurs adeptes envoient des mots d'une rare violence à la face de personnes dites différentes. La fameuse immigration qui est perçue comme la cause de tout. La dette de la France a explosé, l'éducation nationale est en train de vivre une crise, on peine à voter un budget complet, on s'inquiète pour la retraite, les entrepreneurs quittent le navire, tout comme les jeunes; mais tout cela, bien entendu, c'est la faute à l'immigration. L'immigré est devenu le bouc émissaire d'une société française bridée, frustrée, appauvrie, et cela ne peut continuer ainsi.

Il y a des personnes qui quittent le pays, en quête d'air frais, et cela est dû en grande partie à ce climat ambiant négatif, raciste. Toutes les différences y passent: arabes, juifs, noirs... Il n'y a aucun respect de la différence en France. Au contraire, ce rejet de l'autre est encouragé, semble-t-il, aujourd'hui, de plus en plus, notamment par la virulence des médias et par l'antenne que l'on offre à des personnes contestables et même condamnées pour propos racistes et diffamants.

La mort de ce jeune de vingt-six ans en est encore le signal. Certes, il devait rendre des comptes de son état questionnable en pleine rue ; mais il pouvait être neutralisé autrement que par la mort. Cela est une honte. Une honte absolue. J'ai honte de cette situation. Je suis triste de voir la haine l'emporter un peu plus chaque jour.

Dr Zang Pénélope

Charles KOSSONOU

Dimanche 21 Décembre 2025 12:02


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