Seydi Gassama sur la reddition des comptes : « Aujourd’hui ce qui se passe est tout à fait normal »



Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, s’est prononcé sur la question de la reddition des comptes. Invité du Jury du Dimanche sur iRadio ce 4 mai, il a déclaré que toute personne mêlée de près ou de loin à des affaires d’intérêt public devait pouvoir rendre compte devant la justice.
 
« Vous savez, la reddition des comptes telle qu'elle se pratique aujourd'hui, essentiellement par le biais du pool judiciaire financier, est une création de l'ancien Président… La lutte contre la mauvaise gouvernance est aujourd'hui au cœur des préoccupations des institutions internationales. L’UEMOA a édicté de nombreuses règles dont certaines ne nécessitent même pas d'être intégrées à notre dispositif institutionnel ; elles doivent être appliquées immédiatement. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement et toutes ces institutions ont obligé l'État à mettre en place des mécanismes de bonne gouvernance et de reddition des comptes. C'est dans ce contexte que l'Ofnac et le Pool judiciaire ont été créés. Aujourd'hui, des organes tels que la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), la Cour des comptes ou l'IGE produisent des rapports sur la base desquels les personnes sont déférées devant le Pool judiciaire », a soutenu Seydi Gassama.
 
Selon lui, cela donne l’impression qu’il y a des arrestations alors que durant tout le magistère de Macky Sall, il n'y a pas eu de reddition des comptes. « Alors, on a l'impression qu’il y a des arrestations partout. Mais pendant les 12 ans de Macky Sall, il n'y a pas eu de reddition des comptes. Depuis qu'il a poursuivi et condamné Karim Wade, puis l’a exclu de l'arène politique, la reddition des comptes est terminée. Il n'y a eu qu'un seul responsable du gouvernement de Macky Sall épinglé par la Cour des comptes pendant ces 12 ans de régime, et qui a été déféré à la justice... », dit-il.
 
Mieux poursuit l’invité du JDD : « Il y a des rapports du corps de contrôle de l'État qui sont dans les tiroirs. Il l'a affirmé. J'en ai moi aussi dans un tiroir. J'ai mis la main sur des rapports dans mon tiroir. Aujourd'hui, si on sort ces rapports et qu'on demande aux gens d’aller rendre compte, c'est tout à fait normal. Évitons de penser que c'est une chasse aux sorcières. Si Macky Sall avait régulièrement transmis ses rapports à la justice, les problèmes que nous connaissons aujourd'hui seraient peut-être évités. Mais c'est le fait de mettre le coud sur ces rapports, de donner l'impression à son entourage et aux membres de son gouvernement qu'il les garantissait contre toute poursuite judiciaire, qui a pu permettre que de tels actes soient commis sans qu'aucune mesure ne soit prise. Ce qui se passe aujourd'hui est donc tout à fait normal ».
 
Par contre, le défenseur des droits humains a plaidé à ce que cela se fasse dans la sérénité. « Je pense que du côté des juges, que ce soient les juges d’instruction ou les procureurs, il y a beaucoup de sérénité. Maintenant, on n'empêche pas les hommes politiques d'aller sur les plateaux de télévision, de s’ériger en juge, etc. Ça n'engage pas du tout le Pool judiciaire financier… Le jour où les Sénégalais seront convaincus que cette opération de réduction des comptes cache d’autres intentions, notamment la vengeance, ils ne les soutiendront plus. La confiance sera perdue. Il faut donc que cette confiance reste. Pour qu'elle reste, il faut qu'on laisse les magistrats travailler en toute indépendance et en toute sérénité », tonne Seydi Gasama.
 
 


Dimanche 4 Mai 2025 16:07


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