Soudan du Sud: les combats et les évacuations d'étrangers se poursuivent

Les combats et les évacuations d'étrangers ont continué au Soudan du Sud dimanche 22 décembre. Les Etats-Unis, qui avaient largement parrainé le processus d'indépendance du Soudan du Sud, ont évacué 380 de leurs ressortissants.



Un véhicule de soldats de la SPLA, à Juba, le 21 décembre 2013. REUTERS/Goran Tomasevic

La situation est toujours tendue dans l'Etat pétrolier de l'Unité, à 1 000 kilomètres environ de Juba. Selon un responsable local cité par l'Agence France-Presse, les rues de Bentiu, siège de la 4e division, étaient ce dimanche jonchées de dizaines de cadavres.
 

Le commandant de la quatrième division de l'armée, précisément basé à Bentiu, avait annoncé samedi avoir rallié Riek Machar après plusieurs heures de combats dans sa caserne. Le porte-parole de l'armée régulière a confirmé dimanche que ses hommes ne contrôlaient pas Bentiu, et que l'Etat de l'Unité était divisé.
 

Les tensions étaient aussi fortes dans l'Etat de Jonglei. La ville de Bor, capitale de cet Etat, est toujours aux mains des rebelles, même si depuis samedi l'armée assure être en route pour reprendre la ville.


Dans ce contexte, la Minuss (Mission des Nations unies au Soudan du Sud ) a commencé à évacuer son personnel non essentiel de Juba vers Entebbe, en Ouganda. La décision a été prise après l’attaque d’une base de l’ONU à Akobo, dans l’Etat de Jonglei, dans laquelle deux casques bleus ont trouvé la mort.

 

Les Nations unies affirment ne pas vouloir utiliser les quelque 4 000 casques bleus présents au Soudan du Sud pour protéger leur personnel, alors que ces militaires seront nécessaires pour protéger des dizaines de milliers de Sud-Soudanais réfugiés dans les bases de l’ONU à travers le pays.
 

« Nous n’abandonnons pas le Soudan du Sud. Nous sommes là pour rester », déclare la représentante de l’ONU, Hilde Johnson. Des renforts militaires sont en train d’être envoyés à Bor, à Bientu et à Pariang en prévision de nouveaux combats. Mais les 4 000 casques bleus sont trop peu nombreux pour espérer faire autre chose que défendre leurs bases, dans un pays d’une taille supérieure à celle de la France.

 

Selon l'ONU, 40 000 déplacés environ ont trouvé refuge dans des camps des Nations unies, 20 000 pour la seule ville de Juba. Le nombre des déplacés pourrait être quatre à cinq fois plus important selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 380 ressortissants américains ont pu être évacués, ainsi que 300 étrangers après une première opération samedi qui avait dû être interrompue à Bor.
 

Sur le front politique, l'organisation régionale, l'Igad, vient de terminer sa mission de trois jours, sans que l'on sache si la médiation, proposée aux deux parties et acceptée sous certaines conditions, pourrait effectivement voir le jour. Deux émissaires étaient attendus à Juba pour prendre le relais de l'Igad, un Nigérian et l'Américain Donald Booth, envoyé spécial des Etats-Unis pour le Soudan et le Soudan du Sud.

 

Après l'attaque subie samedi par des soldats des Etats-Unis, qui a fait quatre blessés dans les rangs américains, lorsque des tirs d'origine non identifiée les ont visés à proximité de l'aéroport de Bor, Barack Obama a d'ailleurs adressé ce dimanche une lettre au Congrès. Dans cette missive, le président n'exclut pas de prendre de nouvelles mesures au Soudan du Sud « si nécessaire ». Il demande le soutien des parlementaires américains.
 

« Je suis la situation pour assurer la sécurité des citoyens, du personnel et des biens américains, dont notre ambassade », écrit Barack Obama, qui affirme que 46 militaires supplémentaires ont été déployés sur place.

■ ANALYSE : La crise sud-soudanaise vue de Kartoum
 

Le président du Soudan Omar el-Béchir a dépêché une délégation au Soudan du Sud pour tenter une médiation. L’Igad, groupement régional associant sept pays de l’Afrique de l’Est - Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Somalie, Soudan et Ouganda -, s’est également saisi de la question.
 

A l’issue de cette réunion, le ministre soudanais des Affaires étrangères Ali Karti a annoncé l’ouverture prochaine de pourparlers entre le gouvernement sud-soudanais et les rebelles.
 

Le Soudan redoute que le conflit pour le pouvoir, entre le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son ex-vice-président Riek Machar, ne se transforme en guerre ethnique entre les Nuers et les Dinkas, chacune des deux tribus soutenant son leader. Une telle guerre pourrait s'étendre sur le sol du Soudan, à travers la présence des deux ethnies dans les régions frontalières.

 

Deuxième enjeu pour Kartoum : l'arrêt du transit de pétrole du Soudan du Sud vers le Soudan pourrait priver ce dernier d'une manne financière liée à diverses taxes. Une manne évaluée à 4 milliards de dollars, déjà intégrés dans le budget de l'Etat pour l'année 2014.
 

L'hypothèse est d'autant plus probable que James Koang Chol, le commandant militaire de l'Etat de l'Unité, dans lequel se trouvent plusieurs champs pétrolifères, a annoncé son ralliement à Riek Machar et s'est autoproclamé gouverneur de cet Etat.

 

Le Soudan, déjà en proie à différentes insurrections chroniques dans le Darfour, le Nil Bleu et le Kordofan du Sud, appréhende aujourd'hui l'ouverture d'un nouveau front qui le conduirait tôt ou tard à prendre position.
 

L'ambassadeur du Soudan du Sud au Soudan a assuré, lors d'une conférence tenue ce dimanche, que le calme règne désormais à Juba, et que les violents combats qui ont eu lieu étaient liés à une tentative de coup d'Etat sans aucune considération ethnique. Il a confirmé que Salva Kiir était disposé à un dialogue sans condition avec son rival. 

Source : Rfi.fr
 


Dépêche

Lundi 23 Décembre 2013 11:02


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