[ TENDANCES ] Les cheveux naturels menacent les couples

Pour préserver son élégance, la femme sénégalaise n’exclut aucune astuce. La mode, ce sont les cheveux naturels. Le hic, c’est que cela n’est pas à la portée de toutes les bourses, à cause de sa cherté. Conséquence, les ménages se brisent.



L’élégance et la beauté de la femme sénégalaise sont mondialement reconnues. Pour préserver cette réputation, elles usent de toutes sortes d’astuces pouvant les maintenir au top. Poses ongles, poses sourcils, montage de fesses et de hanches, etc. Tous ces matériels esthétiques font partie de l’arsenal de séduction. Toutefois, si ces tendances sont à la portée de toutes, leurs dernières trouvailles, notamment les cheveux naturels, sont inaccessibles à la classe moyenne. En provenance d’Inde, d’Ethiopie ou des Etats-Unis, les prix de ces tissages varient selon leur longueur et leur souplesse. Ainsi, le prix varie entre 65 et 200 mille francs. Des prix exorbitants qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses et qui sont souvent l’objet de discorde dans certains couples. Car, si certaines femmes ont les moyens de se procurer ce genre de tissage, d’autres ne comptent que sur leurs partenaires pour en disposer. En vogue depuis près de cinq ans, cette nouvelle trouvaille de la gent féminine risque de briser plusieurs couples, si les femmes ne lui résistent pas. 

Si certains hommes sont prêts à tout pour satisfaire tous les caprices de leurs conjointes, d’autres se montrent beaucoup plus réalistes. C’est le cas de Modou Niang, vendeur de tissus au marché Hlm. Ce jeune célibataire, la trentaine, confie qu’il a rompu avec sa copine parce qu’il n’est pas prêt à décaisser plus de 100 mille francs pour l’achat de tissage. «Certaines filles sont cupides, elles pensent que les hommes n’ont pas d’autres soucis que de se plier à leurs folies», peste le commerçant. Abondant dans le même sens, Malick Diaw sapeur-pompier de profession soutient qu’il a failli se séparer de sa deuxième femme. «Elle a insisté pour que je lui paye des cheveux naturels, allant jusqu’à ne plus m’adresser la parole pendant dix jours, alors qu’elle sait pertinemment que mon salaire ne peut permet pas de gérer convenablement mes deux épouses», confie notre interlocuteur. Pour lui, les femmes ont intérêt à se remettre en question en tâchant de mettre un accent particulier sur la gestion de leur foyer au lieu de s’attarder sur des détails. Car, selon Malick Diaw, avec ou sans cheveux naturels, la femme doit se mettre dans sa tête que son époux la considère comme la plus belle femme du monde. 

Pour sa part, Abdoulaye Cissé, un jeune banquier, nouvellement marié avance qu’«il aime les femmes qui dégagent la classe». Parce que, trouve-t-il, «la femme doit se valoriser en portant des habits de valeur et en étant bien coiffée». Ainsi, pour que son épouse puisse respecter ses critères, il soutient que c’est lui-même qui se charge de l’achat de ses vêtements et tissages. Avec des cheveux qui tombent sur les fesses, Fatou Diop se garde de donner le coût de son tissage. Toutefois, elle déclare se l’être procuré avec son argent. «Je suis une célibataire endurcie, je ne vais pas courir le risque de me faire larguer par mon copain à cause d’un caprice alors que j’ai les moyens de l’acheter».Pour sa part, Maguette Ndoye, la vingtaine, en classe de Terminale, dira que pour faire le tissage de cheveux naturels, elle s’est trouvée un soupirant vendeur de ces produits. «Je veux être belle et appréciée comme toutes les filles de mon âge, c’est dans cette optique que j’ai décidé de m’amouracher de partenaires qui peuvent satisfaire mes besoins», déclare l’élève. 

ALIOUNE DIOUF, IMAM DE KHAR YALLA, SUR LE PORT DE PERRUQUES : «C’est en effet une sorte de tromperie, de falsification, de leurre» 

En matière de séduction dans le couple, la fin justifie les moyens. Un argument brandi par la majorité des femmes qui sont convaincues de sa pertinence. Seulement, d’après l’Imam de la mosquée de Khar Yalla si cet argument a une part de vérité dans la religion musulmane, elle ne prend pas en compte le port des perruques et le tissage de cheveux. En effet, l’Imam renseigne que, parmi les parures interdites a la femme, figure la perruque, qu’elle soit faite de cheveux naturels ou artificiels. D’après lui, le Prophète (Psl) a interdit les mèches. «En qualifiant de mensonge le port de la perruque, le Messager de Dieu a désigné la sagesse qui se cache derrière cette interdiction. C’est en effet une sorte de tromperie, de falsification, de leurre. 

Or l’islam n’aime pas la tromperie et la désavoue», dit l’Imam. Dans son serment, l’Imam invite les musulmanes à respecter les interdits de la religion pour se prémunir des châtiments de l’enfer. «Nos femmes et nos filles préfèrent copier l’Occident au lieu de s’inspirer de la religion musulmane, alors que les hadith sont clairs : toute personne qui, de son vivant, n’aura pas respecter les recommandations du Saint Coran sera puni à sa mort», rappelle-t-il. 

Paule Kadja TRAORE 
Source Walfadjri
 


Lucie Sar

Lundi 21 Mai 2012 14:38


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