Tchad: l’accusateur de Youssouf Boy, condamné à 5 ans de prison, a quitté le pays pour se «faire soigner»

Au Tchad, Youssouf Boy, l'ancien tout-puissant directeur de cabinet du chef de l'État tchadien condamné il y a un peu plus d'un mois à cinq ans de prison pour corruption, a été transféré il y a une semaine de la police judiciaire à la maison d'arrêt de Klessoum pour y purger sa peine. C'est dans cette dernière que sont habituellement détenues les grandes personnalités en disgrâce. Son accusateur, l'un des hommes d'affaires les plus florissants du pays et ancien maire d'Amdjarass, condamné à la même peine de prison, a été discrètement libéré. Mahamat Hachim Bouder a quitté le pays mardi 10 juin, officiellement pour aller se faire soigner ce qui ne convainc guère une partie de l'opinion.



Mahamat Hachim Bouder a quitté le Tchad à bord d'un jet privé qui s'était posé un peu plus tôt sur le tarmac militaire de l'aéroport international Ndjamena, « un départ pour l'étranger en vue de soins médicaux », selon un haut responsable du ministère de la Justice. Donné pour gravement malade et nécessitant des soins à l'étranger, « l'homme d'affaire marchait de lui-même », dénonce des proches de Youssouf Boy.
 
Une heure à peine
Condamnés à cinq ans de prison tout comme l'ancien bras droit du président tchadien, Hachim Bouder et Youssouf Boy ont tous les deux été transférés à la maison d'arrêt de Klessoum jeudi dernier dans l'après-midi. Mais l'homme d'affaire n'y a séjourné qu'une heure à peine. Il a été extrait de prison et libéré à la grande surprise de la défense de Youssouf Boy, explique l'un de ses avocats, Me Djérada Laguerre. « Il est gravement malade et ne pouvait se faire soigner qu'à l'étranger », justifie une source judiciaire, ajoutant qu'« un proche s'était porté garant de son retour ».
 
Pas le premier venu
Mahamat Hachim Bouder n'est pas le premier venu. Maire depuis plus de dix ans d'Amdjarass, la ville d'origine des Itno, son entreprise de travaux publics a bénéficié pendant tout ce temps de contrats publics d'une valeur de centaines de milliards de francs CFA. « C'est un homme du sérail », analyse un sociologue tchadien, qui parle d'« une opération qui ressemble plutôt à une exfiltration ».

RFI

Jeudi 12 Juin 2025 11:40


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