Jusqu’au Xe siècle, il n’existe pas de procédure centralisée : c’est la vox populi qui prévaut et déclare la sainteté. L’évêque du lieu vient confirmer ce choix en « élevant » la personne: élévation, c’est-à-dire exposition du corps ou de parties de corps – voire d’objets avec lui – dans une châsse ou dans un reliquaire.
Sur un plan canonique, le saint est quelqu’un qui a vécu de manière exemplaire en fonction des vertus et a accompli des miracles. Mais à cette perspective officielle se substitue un « regard plus démocratique » : parce que le chrétien croit le Christ mort et ressuscité, il est déjà saint, mais appelé à croître dans cette sainteté. Croire, c’est croître. Quand je dis à quelqu’un: « Je crois en toi », je lui dis aussi et surtout: « Je croîs en toi, je grandis en toi, je m’épanouis dans ton amour ». En ce sens, un saint est quelqu’un qui a tellement cru… qu’il a crû, qu’il a participé et participe de manière plénière à la vie divine.
Un sens assez proche du terme « communion ». Communion du saint avec le Christ. Communion de tous les hommes – morts et vivants – qui veulent faire de leur vie une croissance, une élévation, une ascension. Les chrétiens sont donc d’ores et déjà Tous-saints – Toussaint – parce qu’ils célèbrent la joie de l’homme vivant – avec ses imperfections et ses doutes – qui a rencontré Dieu.
« J’aime les saints qui ne sont pas des anges »
Raoul Follereau disait : « J’aime les saints qui ne sont pas des anges ». Nous pouvons aimer les saints qui sont pauvres de cœur et qui ne s’attachent pas aux biens éphémères de la terre. Aimons les saints qui chaque jour nous offrent leur présence à nos côtés, comme une caresse de Dieu ; les saints qui pleurent sans sensiblerie aucune pour tout le mal que subissent les femmes, les enfants, les malades, les exclus et les condamnés ; les saints qui ont faim et soif de justice ; les saints dont les cœurs sont des sanctuaires de miséricorde et de pardon ; le saints qui agissent de façon transparente dans la gestion des affaires comme dans leurs relations avec leurs semblables ; les saints qui dans notre société et dans le monde sont des pèlerins infatigables de la paix et de la réconciliation entre les hommes ; des saints aujourd’hui incompris et rejetés à cause de leur foi, de leur attachement au Christ, Unique Sauveur et des valeurs de justice et de non violence qu’ils prônent ; des saints qui réunissent les hommes et créent des communautés vivantes. N’oublions pas d’aimer les saints de la fête et soyons tous dans l’allégresse.
Bonne fête de la Toussaint!