Alors, forcément, lorsque le régime commence à vaciller, le 14 janvier 2011, c’est vers lui que tous les regards se tournent. Et lorsque la nouvelle du départ de Ben Ali pour l’Arabie saoudite se propage, vers 18 heures, et qu’on apprend que le général Seriati a accompagné son patron au pied de l’avion, le faisceau de soupçons se transforme en acte d’accusation. Dépassé par la situation, en proie à une crise de paranoïa aiguë, le ministre de la Défense, Ridha Grira, ordonne aux militaires de désarmer et d’arrêter Seriati, qui était encore au salon d’honneur de l’aéroport de Tunis. Grira est persuadé que le général est au centre d’une conspiration, qu’il a forcé le dictateur à fuir pour s’emparer du pouvoir en exagérant la portée des menaces qui pesaient sur lui.
Dès le lendemain, son nom est jeté en pâture à l’opinion. Son arrestation ayant été tenue secrète, Seriati est présenté comme le chef en cavale de miliciens chargés de semer la terreur et de préparer une contre-révolution pour favoriser le retour de Ben Ali ! La rumeur, savamment entretenue par les nouvelles autorités de transition, désigne les agents de la garde présidentielle, déguisés en civils, comme les responsables d’exactions contre la population. La peur s’installe, ce qui était le but recherché. La supercherie sera révélée au bout de plusieurs mois, et le général, poursuivi et condamné dans d’autres affaires, sera finalement libéré en mai 2014.Les soupçons qui pesaient plus largement sur les 2 000 hommes de la garde présidentielle, qui officient désormais sous les ordres du colonel Raouf Mradaa, ont été dissipés. Ils s’illustreront d’ailleurs le 14 septembre 2012, en exfiltrant, à la demande du président Moncef Marzouki, les diplomates de l’ambassade américaine de Tunis, alors prise d’assaut par des salafistes. Car la sécurité du président et des résidences présidentielles ne sont pas les seules prérogatives de ces hommes. Certains, membres du Groupe d’intervention et de protection des personnalités (GIPP), assurent aussi la garde rapprochée des journalistes et des hommes politiques qui font l’objet de menaces terroristes précises.
source:jeune Afrique