Tunisie-Egypte : Les Fous de Dieu ne Veulent Pas d’un Cercle de Feu Autour Israël

Faute d'avoir su contenir Israël comme élément de tension de la zone, les États-Unis cherchent aujourd'hui un clone à Moubarak pour limiter un irrédentisme islamique bizarrement prudent au Moyen-orient comme réponse à l'intransigeance sioniste.



La transition a commencé en Égypte après la nomination de Omar Souleiman comme vice-président ; ce fin connaisseur et négociateur du dossier israélien est en effet un clone parfait que recherchaient les États-Unis de Obama, nouvel éperon de l'alternance politique. Les Frères musulmans qui avaient entamé la contestation aux bords du Nil, comme jadis Habid Achour en Tunisie, sont restés dans une attitude prudente, comme en Tunisie. La brusque fermeté de Obama envers Moubarak étonne d'autant que le Raïs égyptien est toujours là, malgré un "Vendredi du départ" qui n'a rien donné à l'arrivée : le revirement spectaculaire de l'Occident pr$ete plus à sourire, aussi bien dans le cas tunisien qu'égyptien, qui a aidé à ruiner les maigres économies du Tiers-monde en fermant les yeux sur des détournements qui l'arrangeaient bien avec le financement de certains partis politiques locaux et de politiciens tout aussi véreux. L'Iran islamique qui se réjouit d'un prétendu réveil islamique devrait d'ailleurs doucher l'enthousiasme de façade de l'Occident soudain en bonne intelligence avec les peuples martyrisés naguère, et la propédeutique d'un président américain apparemment encore en apprentissage des réalités internationales.

Rached Ghannouchi rentré en Tunisie après 20 ans d'absence du pays et à la faveur de la révolution de Jasmin n'envisage pas se présenter à la présidentielle, de peur de d'aider à vérifier la position de de Téhéran ; le chef historique du mouvement islamiste tunisien se pose désormais en «modéré» ; comme pour les Frères musulmans égyptiens, il devra faire face au cruel dilemme d'une attente démesurée de populations désireuses du "here and now" (tout, tout de suite) et un pragmatisme qui recommande aux Tunisiens et Égyptiens d'avancer à pas mesurés, pour ne pas altérer la marche accélérée du peuple libéré de l'obscurantisme dans lequel le pouvoir l'avait plongé pendant près de trente ans dans les deux cas.

En Égypte, Baradei veut cristalliser aujourd'hui les frustrations et devenir le seul interlocuteur mandaté par tous pour négocier la transition ; les Frères musulmans, tout en essayant de récupérer la tension sociale, se font tout petits, pour ne pas perdre au change en devenant encombrants pour eux-mêmes, pour les Égyptiens et les partenaires du pays des pharaons au premier rang desquels figurent essentiellement les États-Unis et...Israël.

Ben Ali et Hosni Moubarak auront pourtant joué jusqu'au bout leur partition dans la recherche d'une paix globale et durable au Proche et Moyen-Orient. Non sans effet manifeste ou latent dans l'esprit des acteurs nouveaux ou anciens de la région.

La poussée islamique contenue par les plus fidèles alliés américains de la région semble ainsi devoir désormais se complaire dans une attitude de prudence, en attendant les suites du processus de paix au Proche-Orient ; si Ben Ali a fini par plier, devant un apparent lâchage des Occidentaux soudain assez revigorés pour saisir ses biens, Moubarak, dernier garant de la paix avec Israël, devrait rester au pouvoir avec son clone Souleiman, son probable remplaçant à la tête de l'État, une fois l'effervescence retombée.
Les fous de Dieu n'ont pas voulu fermer la boucle du cercle de feu qui encercle l'État hébreux soumis aux pressions islamistes avec le nouveau Liban de Nagib Mikati, bras armé de la Syrie et de l'Iran , avec le concours local du Hezbollah. Les urgences de l'heure peuvent bien reléguer l'épineux sujet du Tribunal international sur le Liban (TSL) aux calendes grecques, le temps de régler l'essentiel pour ceux qui sont encore en vie.



Pathé MBODJE, Journaliste, sociologue

Samedi 5 Février 2011 10:00


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