Turquie: la ville de Cizre croule toujours sous un déluge de feu

En Turquie, même si le niveau de violence a globalement diminué, des locaux du parti pro-kurde HDP, à Istanbul et dans d’autres villes du pays, ont été mis à sac et parfois brûlés par des militants islamistes et nationalistes. Et ce, pour la troisième soirée consécutive. La situation dans la ville frontière de Cizre, sous blocus depuis une semaine, est toujours aussi préoccupante, et les bilans s’alourdissent.



Des soldats turcs au niveau d'un check-point sur la route principale reliant Mardin et Cizre, le 9 septembre 2015. REUTERS/Sertac Kayar
Cizre est la seule ville de Turquie où l'on n’entend plus d’appel à la prière depuis une semaine. Les müezzin ne peuvent plus sortir aux balcons des minarets, car ils sont occupés par des tireurs d’élite qui font respecter l’interdiction de sortir dans les rues à coups de fusil longue portée, qui ont déjà fait neuf morts. A la place, ce sont les haut-parleurs de la police qui diffusent des harangues et des insultes à la population, lui promettant que sa fin approche, selon de rares témoignages disponibles, alors que la ville n’a plus ni téléphone ni électricité depuis une semaine.
 
Toute la nuit, d’énormes détonations n’ont cessé de retentir dans la petite ville que l’on surnomme désormais « la Kobane de Turquie », tant elle subit un déluge de feu depuis une semaine. Ces dernières heures, ce sont des obus tirés par des tanks qui ont résonné à plusieurs kilomètres à la ronde. Ils ont fait de nombreuses victimes. Il y aurait jusqu’à huit civils tués, la plupart en raison de blessures graves n’ayant pu être soignées car les ambulances ne peuvent pénétrer dans la ville. Depuis mercredi, les principaux dirigeants du HDP, dont son président Selahattin Demirtas, tentent d’obtenir le droit de rendre visite à cette ville martyre. Mais l’accès leur a été barré, ce jeudi matin encore, à plusieurs kilomètres de distance.
 
 
 
Le gouvernement n’a pas envie d’aller aux élections parce que toutes les enquêtes publiées par la presse turque montrent que notre partie va avoir des succès encore plus importants. Il essaie tout, pour empêcher. (…) Notre parti est prêt, malgré tout, toutes ces attaques, toute cette situation insupportable, notre parti est prêt à partir aux élections.
La journaliste Frederike Geerdink est rentrée en Hollande, après avoir été expulsée par les autorités turques mercredi 9 septembre. Elle avait été arrêtée le week-end dernier dans la ville de Yüksekova (frontière irakienne) alors qu'elle couvrait les protestations de la population contre les opérations de l'armée dans la région. Elle avait passé quatre jours en garde à vue. Comme en janvier dernier, quand elle avait déjà été placée en garde à vue, elle est accusée de « soutenir une organisation terroriste », à savoir le PKK.

Rfi

Jeudi 10 Septembre 2015 09:29


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