B.N., un acteur et danseur gantois de 31 ans, cherchait depuis trois ans des femmes vulnérables avec lesquelles il pouvait se lier d’amitié. Il leur offrait d’abord une épaule réconfortante, avant d'aller plus loin progressivement.
Ainsi, il leur proposait de consommer de la drogue, afin de les rendre dépendantes de lui. Ils avaient parfois des relations sexuelles, consenties dans un premier temps.
Rencontré sur Tinder
“Ma cliente, qui a elle-même vécu une enfance difficile, l’a rencontré sur Tinder”, a déclaré Manon Cop, l’avocate d’une des victimes du trentenaire. “Elle le voyait comme un bon ami à qui elle pouvait se confier. Un soir, ils étaient chez lui et elle a remarqué qu’il y avait quelque chose d’étrange dans son verre. Elle a perdu connaissance quelques instants plus tard”, a raconté son avocate lors de l'audience. “Lorsqu’elle s'est réveillée, elle a vu un vibromasseur qui traînait par terre, tout comme son tampon hygiénique. Lorsqu’elle l’a confronté, il a nié avoir abusé d’elle et s’en est même indigné”, a détaillé Me Cop.
La police a ouvert une enquête lorsqu’une autre victime de l'acteur a déposé plainte. Interrogé, B.N. a d’abord nié les faits avant que les enquêteurs ne trouvent des preuves accablantes sur son ordinateur. Par exemple, des vidéos où on voit le prévenu abuser de ses victimes, apparemment droguées, dans une “sex room” avec des chaînes, des cordes et toutes sortes d’objets sadomasochistes.
Les vidéos retrouvées sur son ordinateur montrent qu’il projetait du porno violent en commettant ses actes. Par ailleurs, son historique des recherches contenait des termes pour le moins explicites, a fait remarquer le procureur.
“Abusé par un prêtre”
“Monsieur N. affirme avoir développé des préférences sexuelles déviantes parce qu'il a été abusé par un prêtre au collège”, a poursuivi le procureur.
“En raison de tout ce que j’ai vécu, j’ai commencé à expérimenter toutes sortes de relations sexuelles. Je suis pansexuel. J’ai également commencé à regarder des vidéos pédopornographiques et de viols et j’ai eu des relations sexuelles avec 500 hommes”, avait déclaré le prévenu lors de son interrogatoire par la police. Des propos relayés par le procureur lors de l'audience.
Le ministère public a requis une peine de huit ans d’emprisonnement à son encontre. B.N. a déjà passé neuf mois en détention provisoire. L’homme, qui vit d’une allocation d’invalidité, travaille actuellement comme bénévole dans une maison de repos.
“Je me sens sale, je ne peux plus dormir et j’ai honte”
Une victime du prévenu
Une victime du trentenaire a brièvement pris la parole pour exprimer ce qu’elle a vécu. “Je souffre toujours de crises d’angoisse et de troubles du sommeil. J’ai regardé les images des sévices que j’ai subis et elles sont gravées à jamais dans ma mémoire. Je me sens sale, je ne peux plus dormir et j’ai honte”, a-t-elle déclaré.
Dans le collimateur de la justice il y a dix ans
Maître Jan De Winter, l’avocat de l’acteur, a souligné que les faits s’étaient produits sous l’influence de la drogue et que certains actes sexuels s’étaient déroulés avec un consentement mutuel. “Il doit prendre ses responsabilités pour régler ses problèmes, mais je doute que la prison soit le meilleur endroit pour cela. Par ailleurs, il a déjà parcouru un long chemin en suivant une thérapie, qui porte ses fruits”, a plaidé son conseil.
À noter que l’accusé se trouvait déjà dans le collimateur de la justice il y a 10 ans pour détention de matériel pédopornographique. À l'époque, il avait bénéficié d'une suspension du prononcé avec l’obligation de suivre une thérapie. “Il est inquiétant de constater que ces conseils ne vous ont pas aidé”, a déclaré le juge.
Verdict le 23 novembre.