Un militaire tué et plusieurs officiers arrêtés suite au soulèvement avorté en Guinée-Bissau

Dans la nuit de lundi à ce mardi 27 décembre 2011 un militaire a été tué et deux autres ont été blessés lors d’une opération de recherche de suspects, après l’attaque de lundi matin contre le siège de l’armée à Bissau. Une action qualifiée de «tentative de coup d'Etat». Selon l’armée plusieurs officiers, en lien avec l’attaque, ont été arrêtés dont le chef de la marine, le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto.



Jose Americo Bubo Na Tchuto, chef d'état-major de la marine, figure parmi les personnes arrêtées après les attaques de ce lundi 26 décembre. AFP
L’opération s’est déroulée dans le quartier de Luanda, dans le sud de la capitale, Bissau. Une équipe de l’armée y a été dépêchée à la recherche de suspects après l’attaque d’hier qualifiée de «tentative de coup d’Etat». Les forces de l'ordre ont échangé des tirs avec «un groupe de suspects» a déclaré à l’AFP le chef de cette équipe, un capitaine qui a également précisé qu’ils «étaient armés et ont ouvert le feu» sur ses hommes.

Des échanges de tirs ont été entendus dans le quartier de Luanda mais aussi dans le quartier d’Antula, dans le sud de la capitale. Lors de ces opérations de recherche, un soldat a été tué et deux autres ont été blessés dont un grièvement.

Par ailleurs, la maison d’un député du parti au pouvoir, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), a été totalement détruite au cours de cette opération de recherche. Le député Roberto Cacheu a été soupçonné, avec d’autres députés, d’appartenir au groupe de putchistes. Ils sont tous activement recherchés.

Pour l’instant, les autorités compétentes ne sortent aucun communiqué officiel. Celui sorti hier n’a parlé que des péripéties de ce coup d’Etat avorté.

Un énième soubresaut politique

L'arrestation de José Américo Bubo Na Tchuto clarifie, pour un temps, le jeu politique à Bissau.

Le chef d'état-major Antonio Indjai qui en 2010 avait écarté le général Zamora Induta est désormais le seul homme fort au sein des forces armées. Depuis quelques mois, il a normalisé ses relations avec le Premier ministre Carlos Gomes Junior, un homme qui a le soutien de la communauté internationale.

Cette alliance, si elle se solidifie, pourrait permettre à la Guinée-Bissau d'apaiser les tensions politiques qui s'approchent à mesure que se détériore l'état de santé du président Malam Bacai Sanhá, actuellement soigné en France. Reste à savoir si le duo fonctionnera.

Carlos Gomes Junior qui voit son pouvoir s'affirmer, de mois en mois, commence a s'attirer de nombreux adversaires y compris au sein de son parti le PAIGC. Par ailleurs, il n'est pas certain qu'Antonio Indjai puisse faire admettre à ses troupes la réforme de l'armée, voulue par le premier ministre mais qui provoque de nombreuses réticences.

En toile de fond de cette recomposition politico militaire, on peut aussi apercevoir les effets pernicieux du narco trafic qui gangrène la Guinée-Bissau. Le contre-amiral Bubo Na Tchuto était considéré par plusieurs rapports internationaux comme l'un des acteurs clé du trafic de drogue. Il n'est malheureusement pas le seul en Guinée-Bissau. Reste à savoir si Antonio Indjai et Carlos Gomez Junior auront ou non la volonté d'éliminer le fléau colombien.
Source: RFI

Charles Thialice SENGHOR

Mardi 27 Décembre 2011 16:51


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