Victor se rend à pied au travail depuis plusieurs jours déjà. Les taxis ont multiplié leurs tarifs au minimum par trois, et ce fonctionnaire n'a pas les moyens de dépenser 30 euros aller-retour, au lieu de 7 habituellement. Alors matin et soir, il range ses chaussures de ville dans son sac à dos, et enfile des sandales. Dans la chaleur de Lagos, marcher est épuisant. Ce père de six enfants a du mal à supporter cette situation.
« Certes marcher dans la rue permet de faire du sport, mais ça ne devrait pas dépendre de cette pénurie, c'est injuste! Je suis fatigué, vraiment fatigué. Les gens riches eux ils n'ont aucun problème, mais nous, les masses populaires, nous souffrons! Donc ça fait mal. J'ai une famille, je paie un loyer, comment peut-on imaginer que je n'ai même pas 15 euros pour prendre un taxi et rentrer chez moi? C'est injuste », se plaint Victor.
On s'inquiète aussi pour les générateurs, car à Lagos il n’y a parfois pas d’électricité publique pendant plus d'une semaine. Quand il y en a, c’est souvent que pour quelques heures. La pénurie commence aussi à toucher le diesel, alors Victor fait des économies pour le marché noir : « alors l'argent que j'aurais dû dépenser dans mon transport, c'est pour aller au marché noir pour faire fonctionner mon générateur parce qu'on n'a pas d'électricité. » Les Nigérians demeurent philosophes et font preuve d'une patience étonnante. Tous espèrent que la situation sera réglée en fin de semaine, après l'investiture de Muhammadu Buhari prévue vendredi.