Vendredi électrique à Dakar

Sauf retournement de dernière minute, ou improbable miracle, Dakar devrait être ce vendredi le théâtre de manifestations violentes. Pour cause, le collectif Nio Lank, composé de diverses organisations de la société civile mais aussi de mou- vements politiques, a décidé purement et simplement de jeter à la poubelle l’interdiction de manifester du préfet de Dakar, Alioune Badara Samb. Prévue pour ce vendredi après midi, la manifestation de « Nio lank » contre la hausse des prix de l’électricité et pour la libération de Guy Marius Sagna et Cie a été interdite.



 Alors que la tension s’annonçait de plus en plus électrique suite à des menaces des partisans du régime en place de répliquer par une contre-manifestation, l’Etat a pris les devants en interdisant les rassemblements des deux bords. Ce qui ne semble pas de nature à émousser l’ardeur des manifestants contre la hausse du prix de l’électricité qui maintiennent leurs mots d’ordre aussi bien à Dakar qu’à Thiès. D’ores et déjà, un dispositif de sécurité exceptionnel a été mobilisé par les autorités pour faire respecter l’interdiction décrétée… De… l’électricité dans l’air en perspective !

Le compteur électrique national sous haute tension ne sera pas refroidi par le préfet de Dakar. Lequel a interdit la marche de protestation contre la hausse du prix de l’électricité que veut organiser ce vendredi le collectif « Nio Lank ». Les raisons avancées pour expliquer cette inter- diction ? Le sempiternel prétexte usé jusqu’à la corde de « menaces de troubles à l’ordre public » ! Dans le communiqué brandi par l’autorité administrative, figurent entre autres motifs, la « concomitance avec une autre manifestation déclarée par les mêmes personnes, risques d’infiltrations par des individus mal intentionnés et non respect à l’arrêté N° 7580 ».

Le collectif Noo Lank était pourtant plus qu’euphorique après avoir réussi une brillante mobilisation vendredi dernier. Il avait drainé une grande foule dans les artères de la capitale. La manifestation interdite de ce vendredi doit se tenir en principe à la Place de l’in- dépendance. Mais elle a échoué à cause de la stratégie conflictuelle créée par une frange des apéristes. « Les Boucliers de la République » avaient manifesté leur intention de faire une contre-manifestation le même jour et à la même heure ! Ce qui a donné au préfet de Dakar le prétexte rêvé pour interdire la manifestation de « Nio Lank ».

En réalité, il est permis de penser que c’est le ministère de l’Intérieur qui a suscité cette pseudo- manifestation pour mieux interdire celle des partisans de Guy Marius Sagna, Pr Babacar Diop et Compagnie. La meilleure preuve en est que, au sein du camp présidentiel, cette dé- marche « des « Boucliers de la République » a été vivement dénoncée. Selon Habib Ndiaye, membre du cadre des arabisants républicains, « il est anormal qu’ils veuillent manifester le même jour, au même endroit et à la même heure. Ils ne sont pas cohérents avec eux-mêmes car ils doivent respecter les institutions et la constitution du pays. Nous considérons leur démarche comme du sabotage ».

Même son de cloche chez Moussa Sow de la Cojer (Coordination des jeunesses républicaines). « L’heure n’est pas aux confrontations inutiles. Il ne faut pas se laisser distraire par des gens qui refusent de comprendre ce que le président Macky Sall est en train de faire pour le pays. Nous invitons plutôt ces jeunes à aller faire des séries d’explications vers les populations pour qu’elles comprennent mieux ce qui se passe dans le secteur de l’électricité et ce que le président Macky Sall veut faire », a-t-il déclaré sur la RFM.

Nos sources avaient indiqué dans un premier temps que Nio Lank devait tenir une conférence de presse ce matin pour afficher sa posture. Seulement d’autres sources contactées au moment du bouclage renseignent que Nio Lank a décidé de braver purement et simplement l’interdiction de marche du préfet de Dakar. La capitale va donc certainement renouer avec les violences cet après-midi au vu de la détermination de « Nio Lank » à braver l’interdiction des autorités et de la volonté de ces dernières de mobiliser toutes les forces de l’ordre pour que force reste à la Loi. Celle de l’APR en l’occurrence vu que la Constitution, elle, permet à tout citoyen de manifester… 

Le Témoin

AYOBA FAYE

Vendredi 20 Décembre 2019 08:20


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