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Île de la Madeleine – chavirement d’une pirogue : La rançon de l’amateurisme et du laxisme (Témoignage)



Île de la Madeleine – chavirement d’une pirogue : La rançon de l’amateurisme et du laxisme (Témoignage)
Au Sénégal, l’amateurisme est érigé en règle de bonne de gestion. Dans tous les compartiments de la société notamment dans l’administration publique, le service est purement par opportunisme et plus que tatillonne.

La liaison Soumbédioune-île de la Madeleine et au Sarpan est organisée dans une légèreté effarante. J’ai été surpris et abasourdi le dimanche 18 août quand je me suis pointé à 9h tapantes au quai de départ. J’ai trouvé sur les lieux un personnel qui se prélasse et un seul candidat au départ qui, par ailleurs, est une personnalité publique, parce que Directeur général d’une grande société nationale et homme politique au parti au pouvoir. Jusqu’à 11h, la vente des tickets n’avait pas encore démarré, l’inspection de la pirogue ainsi que les autres formalités de sécurité mais aussi d’usage n’étaient pas encore été effectuées. Des va-et-vient incessants de la parlotte inutile.

Pendant ce temps, les locaux de l’embarcadère devenaient de plus en plus étroits pour contenir les vacanciers pour la plupart qui souhaitent se rendre sur île.

Las d’attendre, l’autorité avec son appareil photo bien accroché au cou et en tenue décontractée a fini par bouder et partir. Et pourtant, sur un tableau, près du lieu d’embarquement, il est inscrit «départ 9h 30». Et le contact qui nous a chanté les merveilles de l’île avait beaucoup insisté sur l’heure de départ. Toutefois, il faut reconnaître que ce jour-là aux environs de 10h, il y a eu une fine pluie qui a été également servie comme prétexte.

Ma surprise a été plus grande au moment de l’embarquement, en voyant la pirogue artisanale et tout le laxisme autour. Les gilets de sauvetage ne sont pas mis correctement et l’embarcation peine à s’immobiliser. Espérant qu’avec une gestion assurée par un service paramilitaire, la Direction des eaux, forêts, chasses et de la conservation des sols, qu’il y aurait la même rigueur sinon, mieux que la Liaison maritime Dakar-Gorée (LMDG). Mais j’ai été très déçu même si la traversée pour se rendre à île s’est déroulée sous de bons auspices.

Pour un service si médiocre, le coût de la liaison est de 5000 francs CFA plus les frais de guide obligatoires estimés à 5000. Donc, finalement, ce sont 10.000 par personne et pour un couple 15.000 FCFA pour les Sénégalais et pour les étrangers.

Île au Sarpan est magnifique et paradisiaque avec ses symboles et histoires à la fois coutumières et mystiques. En revanche, l’environnement est en train de perdre de sa superbe par manque de maintenance et de rigueur avec ses visiteurs.

Au retour. C’est le cauchemar ! Nous avons vécu une panne du moteur de la pirogue pendant plus de 10mn. Il y avait une houle, la pirogue tanguait. Madame et une autre fille à côté d’elle m’ont tellement agrippé que la manche de mon tee-shirt s’est déchirée. A bord, heureusement que les hommes discutaient et devisaient pour détendre l’atmosphère. Il n’y a pas eu de panique. Le personnel navigant a machiné jusqu’à pouvoir redémarrer le moteur. Le rafiot peinait à fendre les vagues pour se frayer du chemin. Mais toujours est-il qu’il parvenait à avancer et à tenir jusqu’à Soumbédioune.

Au Sénégal, on joue tout le temps avec la vie des citoyens. La traversée Soumbédioune-île de la Madeleine, c’est que du rafistolage. Comment peut-on expliquer la déconnexion de cette unité de liaison avec tous les services de l’Etat en charge de la navigation et de la sûreté maritime ? Le rafiot a chaviré des heures avant que les autorités et les parents des victimes ne soient au courant.

L’île est située presque en haute mer et il faut monter sur les montages pour avoir le réseau de manière intermittente. Au moment où se produisait le sinistre, pourtant le Ministre de l’Economie maritime avec tous ses services étaient à quelques miles du drame. Depuis quelques années, la traversée est organisée dans ces conditions dilettantes et exécrables. Est-ce que les services de la Direction de la Protection civile ont fait leur travail pour attester que les mesures de sécurité minimales sont respectées ? Le ministre de l’Environnement qui est la tutelle de la direction en charge de la liaison a-t-il cherché à savoir si les agents préposés et l’outil qui est utilisé pour transporter des centaines de vies par semaine sont aptes et sécurisés ?

Aucune autorité, ni agent des ministères de l’Environnement, de l’Intérieur et de l’Economie maritime ne se sont jamais posés ces questions légitimes. Néanmoins, cela ne doit surprendre personne parce qu’au Sénégal, il n’y ni guerres ni épidémies mais les citoyens tombent comme des mouches sur les routes et ailleurs par négligence. Les drames et catastrophes foisonnent.  L’indignation, c’est juste le temps d’une rose. Et comme toujours, on met tout sur le dos du bon vouloir d’Allah. Qu’il a bon dos !


PS : Existe-t-il un système d’alerte et de secours du Sénégal ?


Mardi 17 Septembre 2019 - 11:05


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