«J'ai rencontré les mots il y a fort longtemps. Je dois à mes origines d'avoir deux langues natives, l'une maternelle, le français, l'autre paternelle, l'espagnol. Le véritable déclic pour moi a été de rencontrer l'ancien français», déclarait Bernard Quemada en 1994 à la toute première Journée des dictionnaires. L'auteur, fondateur de la lexicologie et de la lexicographie modernes, s'est éteint mardi 5 juin.
De ces premières stimulations suivies d'une formation d'exception, naîtrait la passion de la lexicologie et de ces ouvrages singuliers que sont les dictionnaires. Il en deviendrait, à la fin des années 1960, le spécialiste incontesté. Fondateur des Cahiers de lexicologie en 1968, tous les chercheurs se souviennent qu'il fut pionnier en matière informatique et qu'en 1971, il faisait ainsi venir au service du TLF le célèbre Gamma Bull 61, l'un des plus gros ordinateurs du monde.
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Quel est son parcours? Né le 13 juin 1926 en Espagne, à Saint-Sébastien, Bernard Quemada fait ses études au lycée Chaptal puis, après une licence de lettres à la Sorbonne, diplômé de l'Institut des professeurs de français à l'étranger, il soutient sa première thèse sous la direction du Professeur Wagner en 1949, avec pour thème Le vocabulaire de la galanterie dans les romans mondains (1640-1710). Il est alors chargé de cours à l'Institut des Professeurs de français à l'étranger puis à l'Institut de Phonétique à la Sorbonne, en 1950, avant de devenir assistant à la Faculté des lettres de Besançon.
Dans le même temps et jusqu'en 1958, il sera chargé de Conférences aux ENS de Fontenay et de Saint-Cloud, puis à partir de 1957 maître de conférences et enfin professeur à l'Université de Besançon. Du monde entier viendront alors étudiants et savants, Roland Barthes par exemple, pour se former à cette discipline novatrice: la lexicologie. Sous la direction de Georges Matoré, il soutient sa thèse d'État en 1967, donnant lieu à un ouvrage majeur: Les dictionnaires du français moderne (1539-1863). Professeur titulaire de linguistique française à la Sorbonne, il installera à Paris 13 un laboratoire abritant d'impressionnantes machines propres à traiter les grands corpus. En 1977, il crée et dirige l'Institut National de la langue française du CNRS sis à Nancy, fédérant de nombreux laboratoires de recherches dont celui en charge du Trésor de la langue française, qu'il dirige.
Directeur de l'étude sur les Préfaces du Dictionnaire de l'Académie française
Nommé en 1989, auprès du Premier ministre à la tête du Conseil supérieur de la Langue française, Directeur d'études de l'École pratique des Hautes études dès 1975 avec pour thème le développement moderne du français, Bernard Quemada n'a cessé de donner un élan remarquable et international à la recherche sur le lexique français.
Co-directeur dès 1990 avec son élève Jean Pruvost, de collections chez Honoré Champion, il y dirige l'étude sur Les Préfaces du Dictionnaire de l'Académie française (1694-1992) et Le Dictionnaire de l'Académie française, une institution à laquelle il rendait scientifiquement hommage en tant que «pièce maîtresse du patrimoine intellectuel de la France».
Dans son salon, est exposée une impressionnante paire de ciseaux, souvenir de son père tailleur et couturier: dans son sillage, c'est à la langue française que Bernard Quemada, très attentif au soutien que lui apportait son épouse Gabrielle Quemada, aura donné ses plus beaux vêtements, en honorant nos dictionnaires, «patrimoine héréditaire incarné dans des réalisations d'une infinie variété», tout en ouvrant la voie à la lexicologie et lexicographie du XXIe siècle.
De ces premières stimulations suivies d'une formation d'exception, naîtrait la passion de la lexicologie et de ces ouvrages singuliers que sont les dictionnaires. Il en deviendrait, à la fin des années 1960, le spécialiste incontesté. Fondateur des Cahiers de lexicologie en 1968, tous les chercheurs se souviennent qu'il fut pionnier en matière informatique et qu'en 1971, il faisait ainsi venir au service du TLF le célèbre Gamma Bull 61, l'un des plus gros ordinateurs du monde.
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Roland Barthes stagiaire...
Quel est son parcours? Né le 13 juin 1926 en Espagne, à Saint-Sébastien, Bernard Quemada fait ses études au lycée Chaptal puis, après une licence de lettres à la Sorbonne, diplômé de l'Institut des professeurs de français à l'étranger, il soutient sa première thèse sous la direction du Professeur Wagner en 1949, avec pour thème Le vocabulaire de la galanterie dans les romans mondains (1640-1710). Il est alors chargé de cours à l'Institut des Professeurs de français à l'étranger puis à l'Institut de Phonétique à la Sorbonne, en 1950, avant de devenir assistant à la Faculté des lettres de Besançon.
Dans le même temps et jusqu'en 1958, il sera chargé de Conférences aux ENS de Fontenay et de Saint-Cloud, puis à partir de 1957 maître de conférences et enfin professeur à l'Université de Besançon. Du monde entier viendront alors étudiants et savants, Roland Barthes par exemple, pour se former à cette discipline novatrice: la lexicologie. Sous la direction de Georges Matoré, il soutient sa thèse d'État en 1967, donnant lieu à un ouvrage majeur: Les dictionnaires du français moderne (1539-1863). Professeur titulaire de linguistique française à la Sorbonne, il installera à Paris 13 un laboratoire abritant d'impressionnantes machines propres à traiter les grands corpus. En 1977, il crée et dirige l'Institut National de la langue française du CNRS sis à Nancy, fédérant de nombreux laboratoires de recherches dont celui en charge du Trésor de la langue française, qu'il dirige.
Directeur de l'étude sur les Préfaces du Dictionnaire de l'Académie française
Nommé en 1989, auprès du Premier ministre à la tête du Conseil supérieur de la Langue française, Directeur d'études de l'École pratique des Hautes études dès 1975 avec pour thème le développement moderne du français, Bernard Quemada n'a cessé de donner un élan remarquable et international à la recherche sur le lexique français.
Co-directeur dès 1990 avec son élève Jean Pruvost, de collections chez Honoré Champion, il y dirige l'étude sur Les Préfaces du Dictionnaire de l'Académie française (1694-1992) et Le Dictionnaire de l'Académie française, une institution à laquelle il rendait scientifiquement hommage en tant que «pièce maîtresse du patrimoine intellectuel de la France».
Dans son salon, est exposée une impressionnante paire de ciseaux, souvenir de son père tailleur et couturier: dans son sillage, c'est à la langue française que Bernard Quemada, très attentif au soutien que lui apportait son épouse Gabrielle Quemada, aura donné ses plus beaux vêtements, en honorant nos dictionnaires, «patrimoine héréditaire incarné dans des réalisations d'une infinie variété», tout en ouvrant la voie à la lexicologie et lexicographie du XXIe siècle.
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