Ils étaient une centaine d'habitants de Zouara à manifester vendredi soir contre le trafic des êtres humains. Le nombre peut paraître faible, mais il est loin d'être anodin. Zouara est une ville qui vit du trafic. Tout le monde en ville profite de ce marché, depuis l'épicier qui vend du ravitaillement au candidat à l'Europe, jusqu'aux passeurs.
C'est pour dénoncer cette hypocrisie qu'un certain nombre de manifestants sont descendus dans la rue. Pour les autres, cette marche montre que les Amazigh ne restent pas indifférents au sort des migrants subsahariens.
Le départ de bateaux n'a pas seulement lieu à Zouara, mais aussi dans des villes à dominante arabe comme Zaouïa, Sabratha ou Al-Khoms. Jusqu'ici, jamais les populations locales n'ont montré leur opposition à ce commerce.
Ce récent naufrage semble également avoir décidé les autorités locales de Zouara à agir avec plus de fermeté qu'à l'accoutumée. Les trois passeurs arrêtés ont été photographiés à la manière de criminels. Dans les mains, ils tenaient des photos des cadavres de migrants noyés par leur faute.
Dans la loi libyenne, les passeurs ne sont pas assimilés à des criminels. Souvent, ils ne sont condamnés qu'à des amendes. La question est de savoir si la brigade de Zouara va décider de faire garder ces prisonniers et de les juger elle-même.
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