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Chine: à Tianjin, la crainte d'une intoxication de grande ampleur

Après la découverte de cyanure de sodium sur le site des explosions démentielles survenues mercredi dans le port de Tianjin, le périmètre de sécurité a été étendu d'un kilomètre supplémentaire ce samedi 15 août. Alors que les incendies ont repris et que les vents menacent, les riverains ont été évacués sur un rayon de 3 kilomètres. Mais sur place, face à l'attitude des autorités, qui délivrent des informations au compte-gouttes, les habitants sont en plein désarroi et la colère monte.



Le site de l'explosion à Tianjin d'où se dégagent encore des fumées, avec les habitations toutes proches en toile de fond, le 15 août 2015. REUTERS/Stringer
Le site de l'explosion à Tianjin d'où se dégagent encore des fumées, avec les habitations toutes proches en toile de fond, le 15 août 2015. REUTERS/Stringer

Tianjin n'en a pas encore fini avec les incendies. Ils sont même en train de s'intensifier depuis ce samedi matin. Il y aurait trois foyers, dont se dégage encore de la fumée. Ce sont des émanations de cyanure de sodium, confirme désormais un militaire présent sur place au journal Les Nouvelles de Pékin. Au moins sept petites explosions ont par ailleurs été entendues dans la zone dans la matinée.

Aux alentours du site des explosions de mercredi, personne n'est tranquille. Depuis le drame, les proches des habitants et des victimes accusent les autorités de les tenir dans l'ignorance  sur l'ampleur réelle de la catastrophe industrielle qui s'est déroulée sous leurs yeux. Les autorités ont notamment mis du temps avant d'admettre la présence de cyanure de sodium. Mais le périmètre de sécurité, qui était jusque-là de 2 kilomètres, a tout de même été élargi d'un kilomètre supplémentaire.

Toutes les personnes présentes dans un rayon de 3 km autour du site ont donc été évacuées, y compris notre envoyée spéciale sur place, Delphine Sureau, dont l'hôtel se trouvait dans la nouvelle zone interdite. « On nous a distribué des masques filtrants. Des rescapés de l’explosion qui étaient logés dans une école voisine ont aussi été acheminés dans une autre école. Tout cela s’est déroulé dans le calme », a constaté notre consœur.

Des fuites dans les eaux usagées ?

 

L’idée d'étendre le périmètre de sécurité a été appliquée par crainte des vents, annoncés importants ce samedi. Ils pourraient charrier des substances toxiques. Mais même à 3 kilomètres du port ravagé, l'anxiété est à son comble. Nana tient une épicerie aux vitres soufflées par les explosions. Depuis mercredi soir, cette trentenaire porte en permanence un masque. « J’ai mal à la tête, je ne me sens pas bien, et je ne sais pas à quoi c’est dû. Il faut se protéger, c’est important. Tout le monde ici porte un masque, donc moi aussi », confie-t-elle.

Personne ne sait vraiment quels sont les risques pour la santé. Après les explosions, les premiers témoins avaient décrit une odeur d’amande amère, caractéristique du cyanure de sodium. Depuis, la présence  de cette substance hautement toxique a donc été confirmée. Et il y aurait eu des fuites, notamment dans les eaux usées, relate le Quotidien du peuple.

Il est très difficile de savoir ce qu'il se passe. Les médias ont reçu des directives claires : les réseaux sociaux sont censurés ; les journaux, la radio et la télévision doivent suivre la ligne dictée par l’agence de presse Chine nouvelle. Impossible d’obtenir des explications claires sur la pollution. Ce samedi matin, le responsable de l’environnement de Tianjin a tout juste concédé que la concentration de l’air en produits chimiques était supérieure aux normes industrielles sur le site.

La colère des familles de pompiers

A quel degré faut-il s’inquiéter ? A qui se fier ? Zhua Hu fait la queue devant un centre d’hébergement. Elle vivait au plus près du port de fret et a tout perdu. A l'idée de risquer maintenant sa santé, et celle de son fils de 5 ans, l’angoisse pointe. « Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Je lui ai mis un masque. Il est où ton masque ? Mets-le ! », lance-t-elle au petit. « Mais j’ai trop chaud », rétorque ce dernier.

Au moment de s'installer dans son appartement, Zhua Hu savait-elle qu'il existait un risque d'explosion chimique ? « Non, répond cette dernière, l’entrepôt de stockage des produits chimiques a été construit en 2012 et nous, notre immeuble était là depuis 2011. » Un entrepôt construit trop près des habitations, c’est l’une des pistes sérieuses de l’enquête. En revanche, on ne connaît toujours pas l’origine et les responsables des explosions, qui ont fait 85 morts au moins et 721 blessées, selon le dernier bilan disponible.

Ce samedi matin, les autorités ont tenu une nouvelle conférence de presse sur la question, mais n'ont délivré aucune conclusion importante. L’information est verrouillée au plus haut niveau. Cela exaspère les proches des disparus à Tianjin. Des familles de pompiers disparus ont perturbé la conférence de presse pour demander des comptes. Vingt-et-un pompiers sont morts dans le drame, et d’autres sont toujours portés disparus


Rfi

Samedi 15 Août 2015 - 08:50