Très tendue - au moins six personnes sont mortes en l’espace d’un mois et de nombreux blessés sont à déplorer- la campagne qui s’est achevée vendredi soir à minuit s’est résumée à la question suivante : « pour ou contre Wade ? » Les partisans du président mettent en avant son bilan, notamment la construction d’infrastructures, tandis que ses détracteurs s’insurgent des chiffres du chômage et de sa participation au scrutin (voir notre article sur l'économie sénégalaise).
Quatre jours de médiation stérile
Après deux mandats de 7 et 5 ans, « Gorgi » (le « Vieux » en wolof) avait obtenu fin janvier l’autorisation de concourir, par décision du Conseil constitutionnel (grâce à une subtile lecture de la réforme constitutionnelle de 2001, censée en théorie réduire le nombre de mandats présidentiels à deux maximum).
Un large front de contestation est né de cette décision, notamment sur la base du vaste Mouvement du 23 Juin, le M23, en référence au jour où les Sénégalais avaient, en descendant dans la rue, fait reculer Abdoulaye Wade sur un projet de réforme constitutionnelle. Lequel lui aurait permis d’être élu avec 25% des suffrages. La détermination des manifestants avait pris tout le monde de court. Le M23 rassemble alors partis d’opposition et organisations de la société civile.
Ce mouvement a par la suite porté le combat contre la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat, mais il ne sera pas parvenu à lancer un vaste mouvement populaire. Ses rassemblements ont laissé de marbre le camp présidentiel, qui a passé une à une toutes les étapes : congrès d’investiture d’Abdoulaye Wade, dépôt de sa candidature, validation par le conseil constitutionnel, puis début de campagne. Ce qui a progressivement incité la plupart des candidats d’opposition à faire campagne eux-mêmes. Ces derniers jours, ils n’étaient plus que trois à concentrer leurs forces sur le retrait de la candidature du sortant.
« Obasanjo n’a pas été mandaté pour négocier »
Samedi, l’ancien chef d’Etat nigérian Olusegun Obasanjo, qui dirige la mission d’observation de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a présenté les conclusions de quatre jours de travaux diplomatiques à Dakar.