​«Santé Mentale au Sénégal – Besoins et Perspectives»: l’ASSAMM pose le problème de gestion



Ce lundi 10 octobre 2016, notre pays célèbre, à l’instar de la Communauté  internationale, la Journée Mondiale de la Santé Mentale. «Et, c’est l’Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM) qui répond cette année encore à ce rendez-vous annuel, à travers cette conférence de presse, placée sous le thème : «Santé Mentale au Sénégal – Besoins et Perspectives», campe Ansoumana Dione dans sa déclaration.
 
Selon le président de l’ASSAMM, «contrairement à ce que beaucoup pensent, la santé mentale n’a jamais été le parent pauvre de notre système sanitaire auquel elle n’appartient pas. En fait, elle n’est pas gérée par le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, malgré l’existence au sein de ce Département, d’une Division de la Santé Mentale. En clair, elle obéit dans la pratique, au Ministère de l’Enseignement Supérieur, par le biais du Service de Psychiatrie du Centre hospitalier national universitaire de Fann, qui ne veut pas la partager avec les principaux acteurs. Donc, comme vous le constatez, la santé mentale souffre d’un problème de gestion et c’est la raison pour laquelle le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale rencontre des difficultés, même pour l’organisation de cette journée Mondiale de la Santé Mentale. Mais, grâce à notre détermination à défendre les droits des malades mentaux, nous prenons à chaque fois nos responsabilités pour que le Sénégal ne soit pas absent à ce programme de l’Organisation mondiale de la santé (Oms)».
 
«Pour cette année, nous avons choisi d’aborder deux (2) points importants,  à savoir, les besoins et les perspectives en santé mentale dans notre pays. D’emblée, vous conviendrez avec nous, que cet élément essentiel de la santé a d’abord besoin d’une gestion saine et efficace, permettant à notre pays de pouvoir disposer enfin d’une politique de santé mentale. Conséquence de cette situation, les malades atteints de troubles mentaux, ne sont pas correctement pris en charge, surtout à l’intérieur du pays où il n’existe presque pas de service de santé mentale. Pour ce qui est du personnel soignant, leur nombre est trop insuffisant par rapport à la population sénégalaise qui demeure et reste confrontée au traitement des nombreux cas de maladies mentales dont la schizophrénie et la dépression. Maintenant, à côté de ces manquements, il y a un déficit criard de sensibilisation des populations par rapport à ces pathologies et sur les comportements à adopter face aux personnes souffrant de troubles mentaux», pose ce dernier.
 
Et de regretter: «Depuis plusieurs décennies, notre pays vit un triste spectacle désolent qui ne cesse de ternir  son image. Il s’agit évidemment du grave phénomène de l’errance des malades mentaux dont la résolution constitue de nos jours plus qu’une demande sociale pour un peuple connu et respecté pour son sens élevé de solidarité. Vu le danger qu’il représente pour eux-mêmes et pour la sécurité publique, son éradication est même considérée comme étant le besoin le plus pressent parmi tant d’autres. Pour les résumer, nous citerons la prise en charge correcte des toxicomanes, des enfants déficients mentaux et ceux atteints d’autisme ou de retard mental, sans oublier les nombreux malades mentaux incarcérés dans les prisons et autres sénégalais de l’extérieur souffrant de troubles de mentaux, etc.».
 
Préconisant «une politique de santé mentale à l’image de certains pays africains » afin que «les soins de santé mentale puissent être enfin intégrés dans le système sanitaire, avec l’ouverture de services de santé mentale dans les hôpitaux régionaux et même dans certains districts et autres centres de santé », l’ASSAMM indique qu’il «faudrait que la Division de la Santé Mentale, du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, soit confiée à un Assistant social, par exemple, pour une bonne marche de cet élément indissociable de la santé ».
 
«Egalement, le Gouvernement devra s’atteler à faire ouvrir à l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS), une filière pour la formation de techniciens supérieurs en santé mentale pour couvrir le pays en personnel qualifié, pour un meilleur accès aux soins et aux médicaments pour les personnes atteintes de troubles mentaux», propose Ansoumana Dione.  
 
Selon lui, «à l’Hôpital psychiatrique de Thiaroye, une Division fermée est à construire pour la prise en charge des malades mentaux qui sont dans les prisons, comme cela se fait avec les autres malades, retenus au Pavillon spécial de l’Hôpital Le Dantec. Et, pour les enfants déficients mentaux et autres, une subvention doit être allouée à leurs parents pour faciliter leur scolarité et leur prise en charge médicale, l’Etat ayant l’obligation régalienne d’apporter l’assistance nécessaire à tous ses enfants, sans discrimination».
 
De la même façon, «l’Etat a le devoir impératif de mettre les moyens pour la sensibilisation des populations sur les troubles mentaux dans le but de favoriser l’utilisation précoce des services de santé mentale qui sont généralement délaissés au profit de certains tradipraticiens qui font perdre parfois aux familles trop de temps et de ressources financières. S’agissant de la prise en charge des toxicomanes, devenue un vrai casse-tête au Sénégal, le centre de cure construit en 2004 à Darou Mousty, à démultiplier à travers le pays, doit être ouvert afin de désengorger les prisons et assister en même temps ces victimes de l’alcool et de la drogue», déclare le président de l’ASSAMM.                                           

Dié BA

Lundi 10 Octobre 2016 18:27


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