​Projet quinquennal de lutte contre l’Hépatite B: 1000 patients pris en charge



Le professeur Seydi et ses collaborateurs ont dévoilé les premiers résultats de la recherche sur l'hépatite B. Le projet Sen-B qui pilote le travail depuis 5 ans, est une coopération entre le Sénégal et la Suisse. Sa mise en œuvre a permis de prendre en charge gratuitement 1000 patients, rapporte le journal L'Info.

L'hépatite B est une maladie qu'on peut prévenir par la vaccination. L'un des freins à cette lutte est la méconnaissance de cette maladie par la population générale et même parfois du personnel soignant. Il y a un réel besoin de communication, d'information et d'éducation pour améliorer le dépistage actif chez nos populations pour ce qui est de l'hépatite B.

De plus, garantir l'accès aux soins de qualité, la mise en place de fortes stratégies pour la rétention dans les soins, en plus de la vaccination universelle, sont nécessaires pour parvenir à l'élimination de l'hépatite B comme menace de santé publique. Du moins, selon le docteur Mamadou Moustapha Diop, directeur de la lutte contre la maladie.

Il s'est exprimé en marge d'une rencontre scientifique de partage des premiers résultats de la recherche menés par l'équipe de la cohorte SEN-B. Le projet SEN-B, d'une durée de 06 ans (2019-2024), a été mis en place grâce à une coopération entre le Sénégal ct la Suisse et est sous la coordination scientifique et la supervision des Professeurs Moussa Seydi et Gilles Wandeler. Il vise des domaines hautement prioritaires et assure la prise en charge des patients vivant avec le virus de l'hépatite B avec une gratuité des bilans, du traitement, du transport, et du support psychosocial. Il a aussi permis le renforcement, du transport et du support psychosocial.

Il a aussi permis le renforcement des capacités pour le personnel. S'y ajoute la recherche et la santé publique qui est un projet phare dans le monde et en Afrique. Il pourra fournir des données utiles au programme. Depuis le début de la mise en œuvre en 2019, SEN-B a déjà enrôlé au SMIT et au CTA, près de 1000 patients. Au Sénégal, la prévalence globale de l'hépatite B est élevée mais semble avoir diminué fortement chez les enfants du fait de la vaccination intégrée dans le (PEV) et de l’administration d’une dose à la naissance, selon le directeur de la lutte contre la maladie.

La prévalence de l'hépatite B chez les moins de 5 ans est de 0,1%, soit 10% de la population générale

La prévalence chez les enfants de moins de 5 ans était de 0,1%, contre 10% environ dans la population générale. Sur les efforts que l'Etat du Sénégal a consentis, le docteur Diop a cité la création de l'Initiative panafricaine de lutte contre les hépatites (IPLH) sous le leadership du Sénégal. « Une forte contribution de notre pays à la mise au point du vaccin anti-hépatite B, des recherches de haute portée démontrant la filiation hépatite cirrhose cancer du foie, la mise en place depuis 1999 d'un programme pionnier en Afrique, le programme national de lutte contre les hépatites (PNLH), la vaccination universelle gratuite des nouveau-nés et des nourrissons effective depuis 1999, le dépistage systématique des donneurs de sang infectés par les virus de l'hépatite B depuis 1982 et de l'hépatite C depuis 2010 », sont à noter, dit-il. Et d'ajouter : « une forte subvention de l'Etat du Sénégal pour le traitement de référence de l'hépatite B, le Ténofovir, principale molécule utilisée et disponible à la PNA, le paramétrage dans le DHIS 2 des données de routine, sont enregistrés ».

 Malgré tous ces efforts importants, force est de constater qu'il y a encore des gaps dans la satisfaction de la demande, avec un faible au niveau de connaissance de la maladie, une absence de données récentes sur la prévalence réelle de la maladie en fonction des régions. Il y a également les difficultés d'accès au traitement et aux bilans para cliniques surtout à l’intérieur du pays ». 

« Plus de 257 millions de personnes vivaient en 2015, avec le VHB et 887.000 décès liés au VHB étaient recensés »

L'hépatite B constitue un problème majeur de santé publique dans le monde en général et en Afrique de l'Ouest en particulier. En 2015, plus de 257 millions de personnes vivaient avec le VHB et 887.000 décès liés au VHB étaient recensés. Le premier plan stratégique de lutte contre les hépatites virales a été élaboré en 2016 par l'OMS avec pour objectif, l'élimination des hépatites virales comme problème majeur de santé publique d'ici 2030.

Gilles Webdeler, infectiologue au centre hospitalier universitaire de Bernes en Suisse qui coordonne le projet avec le professeur Moussa  Seydi, explique qu’il s'agit de mieux comprendre l'histoire naturelle et la réponse à la maladie de l'hépatite B au Sénégal. Un projet multidisciplinaire qui inclut les médecins, les infirmiers, les anthropologues et les personnes qui vivent avec l'hépatite B au Sénégal.

« A terme, toute la population qui vit avec la maladie va bénéficier de ce projet. Il y avait un certain nombre de nouveaux concepts de prise en charge que nous avons mis en place et cela a demandé une formation du personnel médical. Les résultats principaux, c'est que dans la cohorte, à peu près 15% à 20% des personnes, selon les critères, ont besoin de traitement immédiat à l'aide d'un médicament antiviral à disposition au Sénégal », soutient-il.

Pour sa part, le Professeur Seydi a expliqué que le projet prend en compte tous les aspects même ceux économiques et anthropologiques. « Les résultats vont éclairer le ministère de la Santé dans ses décisions et nous permettront de participer à l'obtention de données qui vont éclairer la prise en charge dans le monde. Ce n'est pas un projet classique, c'est le projet le mieux structuré en Afrique et l'un des projets les mieux structurés dans le monde », confie-t-il.

Gnima Ina BADJI (Stagiaire)

Jeudi 21 Décembre 2023 09:56


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