​Procès de Karim et Cie : le «Paye » de la discorde

Noël Deconick par ailleurs Directeur des projets avant de devenir Directeur des opérations de la société AHS, était alors à la barre. Ce dernier d’origine belge, de dire avoir été licencié lorsqu’il a voulu savoir qui étaient Hq1 et Hq2. Il n’y a rien de bizarre, semble dire le co-prévenu de Wade-fils qui indique qu’Hq1 et Hq2 ne sont que des boîtes mail, toutes créées au niveau du support informatique de Menzies Aviation. «ahs-hq2 » étant pour lui. Un témoin qui déclare par ailleurs avoir connu Pape Mamadou Pouye sous le nom d’Albert. Surnom qui reconnait le co-prévenu.


C’est le nom « Paye » qu’y associe le témoin qui soulève la discorde. Pape Mamadou Pouye nie les faits. Noël Deconick de brandir un document que le parquet spécial et la partie civile s’empressent de saisir. Décortiquant ledit document, le témoin parle d’un e-mail datant de décembre 2002 émanant de Menzies Aviation ».  «Je ne sais pas de quel message, il s’agit », rétorque Pape Mamadou Pouye qui précise qu’ « il  n’y a pas de mensonge, Albert, c’est mon surnom. C’est ce nom que Menzies utilise.  S’ils préfèrent  m’appeler Albert, je n’y peux rien ». Réagissant, le président Henry Grégoire Diop marque : «C’est le 2ème témoin qui dit que vous êtes Albert Paye ». Auditionnée la semaine dernière, Coumba Diagne n’en démord pas.

 
«Je ne le reconnais pas ce mail », tranche Pape Mamadou Pouye qui reconnait toutefois le numéro de téléphone inscrit. « C’est bien mon numéro », confirme-t-il en indiquant qu’il «ne (se) cache pas derrière Albert Paye ».  A la barre durant presque toute l’après-midi, l’ancien Directeur des opérations à AHS est formel : «J’ai travaillé dans trois (3) AHS et dans toutes les sociétés, les DG sont des marionnettes », scande le belge.  «Ce ne sont pas des deniers publics qui étaient mis dans lesdites sociétés. Je ne vois pas le problème», minimise le co-prévenu qui ne «comprends pas qu’avec 19 milliards en cause sur AHS », on lui parle de «son» surnom Albert Paye», lâche-t-il.


Loin d’avoir dit son dernier mot, le parquet spécial notamment le Substitut du Procureur, Antoine Félix Diome qui souligne que le message émane de Pape Mamadou Pouye lui-même : « il est écrit from (de) Albert Paye », lit ladite partie. «Je n’ai pas d’explication, cette boîte ne m’appartient pas », répond le co-prévenu. Mais ce qui chiffonne la partie civile à travers le bâtonnier, Félix Sow, c’est qu’ «on a effacé les références » d’une personne dans ledit message. « Vous voulez dire que c’est Karim Wade », ironise Pape Mamadou Pouye. Pique qui ne trouve pas de réponse.  Mais, interpellé sur la « bizarrerie », le témoin sert que «ce n’est pas quelqu’un de Menzies. C’est un fournisseur».

 
A la suite du belge, c’était au tour du témoin Léon Michel Sec, gestionnaire de vol. «Avec la mort d’Air Afrique, il fallait continuer le travail…Il était question de constituer une société (SHS) avec des Mauriciens comme partenaires stratégiques, 4 à 5 partenaires » dont « l’ASECNA et une part pour le personnel…On a longtemps travaillé avec les mauriciens. Et un jour l’autorité nous a dit qu’il y aura une deuxième société d’assistance » parce que «l’OHADA exigeait qu’il y ait deux sociétés…On a accepté malgré nous…Un beau matin, on nous impose AHS et on n’y pouvait rien. Dans la même entité, obligeant les deux sociétés pour discuter autour d’une table... AHS avait tout par rapport à nous…SHS était lésé au cours du partage des locaux » alors qu’en charge de près de 70 % des passagers, balance ledit témoin. Une audience qui se poursuit ce mardi avec d’autres témoins.