Le chemin sera long, d’ici à la réconciliation : à Ouagadougou, pour l’heure, les délégués de l’ancien parti majoritaire ne participent pas aux réunions plénières avec la société civile et l’opposition.
À Bobo Dioulasso, l’étendue des dégâts, suite aux manifestations de fin octobre, dans les équipements publics et les domiciles privés des maires adjoints, aurait aussi justifié une commission « reconstruction ». Idrissa, un jeune artiste qui a manifesté le 30 octobre, nous guide à l’intérieur de la mairie centrale – ou plutôt, de ce qu’il en reste : « Tout est brûlé un peu partout. Il y a des vitres cassées. Les plaquettes, les ordinateurs : il n’y a plus rien. Les partisans étaient vraiment très énervés ».
Voiture calcinée
Pour entrer dans la maison du maire Sanou Salia, il faut passer par le coffre d’une voiture calcinée qui a été renversée et fait office de portail de fortune. Le fils du maire raconte : « Tout est parti en l’air. Même les souvenirs, c’est ça qui est grave. Ils étaient vraiment nombreux. Il y avait des gens qui avaient des bidons d’essence… Je ne sais pas ce qui les a motivés ». Il assure ne pas avoir peur de revenir chaque jour sur place : « Pourquoi avoir peur ? C’est ma ville natale. Si quelqu’un a un problème avec moi, on va le régler ».
Intenable
Le maire avait mené une farouche campagne pro-référendum. Ses propos avaient exacerbé les tensions, alors qu’à Bobo Dioulasso, la grogne couvait déjà. Désiré, membre du front pro-Compaoré, reconnaît des erreurs – un premier pas : « Il faut se dire la vérité : à un moment donné, la situation sociopolitique et économique était intenable. Et elle l’est toujours, jusqu’à présent ».
Les jeunes, de leur côté, se sont rendus en masse dans les édifices publics pour déblayer. Les fonctionnaires de la mairie, dont les domiciles ont été incendiés, doivent reprendre le travail ce lundi.
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