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Adama Barrow : "Nous ne sommes pas affamés de pouvoir"

Dans une interview avec Clarisse Fortuné de BBC Afrique, le nouveau président gambien évoque les priorités de son gouvernement, le sort qu'il va réserver à la NIA, la redoutable agence de renseignement de Yahya Jammeh, mais aussi ses relations avec le Sénégal, un pays voisin de la Gambie. Adama Barrow, à Dakar depuis plusieurs jours, parle aussi des violations présumées des droits de l'homme par le régime de M. Jammeh, du sort des réfugés gambiens ...et de son club de football préféré.



M. le président, la nuit dernière, après plusieurs jours de négociations, Yayah Jammeh a enfin accepté de céder le pouvoir. Qu'est-ce qui l'a surtout poussé à prendre cette décision ?
Ils (les dirigeants de la Cédéao) vont bientôt envoyer un communiqué là-dessus. Je n'ai pas encore vu le communiqué en question. Donc je ne peux pas me prononcer là-dessus.

Quand est-ce que vous allez retourner à Banjul ?
Je vais y retourner dans les plus brefs délais. Je ne peux pas programmer mon retour dans la mesure où nous sommes en consultation avec la Cédéao. La force étrangère (les soldats envoyés en Gambie par la Cédéao, Ndlr) est sur le terrain (en Gambie, Ndlr). La CEDEAO me communiquera lorsque je pourrai retourner en toute sécurité au pays.

La NIA, nous allons la réformer, car rien que son nom effraye les Gambiens.

Quelles seront vos priorités lorsque vous allez retourner au pays ? Que faudra-t-il faire en premier lieu ?
La première chose à faire, une fois le gouvernement mis en place, sera de m'occuper de la Banque des émigrés. (…) Nous allons demander à nos fonctionnaires de la relancer.

Mais quelle sera la toute première chose à faire pour le peuple gambien ?
Beaucoup de choses sont prioritaires dans le continent. En Gambie, l'économie en fait partie. L'économie est un domaine crucial chez nous. Elle est très, très importante. C'est une chose dont nous allons nous occuper dès que notre gouvernement sera mis en place. Je pense que les Gambiens ont souffert durant les 20 dernières années. L'inflation a atteint un niveau jamais égalé, raison pour laquelle l'économie est très importante.

Votre conseiller a dit que votre gouvernement prendra le pouvoir dans un pays appauvri, où les attentes des citoyens sont énormes. Pensez-vous que vous pourrez les satisfaire ?

Les attentes sont très, très importantes. C'est vrai. Il n'y a rien dans les caisses. Mais nous espérons que beaucoup d'organisations feront preuve de compassion avec la Gambie. Nous espérons avoir un bon partenariat avec des organisations, ce qui permettra à la Gambie de repartir de nouveau. Nous sommes très optimistes.

Pourquoi avez-vous choisi d'exercer un mandat de trois ans, alors que le mandat prévu par la Constitution gambienne est de quatre ans ?

C'est un accord que nous avons eu avec les autres membres de notre coalition. Mais tout dépendra de la volonté des Gambiens, qui nous ont octroyé un mandat pour effectuer un travail donné. S'ils constatent que nous faisons bien ce travail, il leur appartiendra alors de décider de la suite. Nous ne sommes pas affamés de pouvoir. Nous voulons faire bouger le pays.

Il y a des partenaires, de vrais amis à nous, qui veulent nous aider…
Le nombre de réfugiés qui ont quitté la Gambie est estimé à 45.000. Quel message lancez-vous à ces compatriotes ?

Nous avons entamé le processus pour les ramener au pays. Un de mes collaborateurs travaille sur ce sujet. Nous demandons aux gens de retourner à Banjul. Nous sommes à un stade très avancé de ce processus. Nous avons donné des instructions aux services des transports, pour qu'ils acheminent les gens à Banjul. Donc le processus est en marche. La Gambie, c'est notre pays, nous ne pouvons pas l'abandonner.
Allez-vous les prendre en charge vous-même ?

Ce ne sera pas moi-même. Il y a des organisations qui sont nos partenaires, de vrais amis à nous, qui veulent nous aider…
Beaucoup de personnes ont contribué à votre élection, notamment les femmes et les jeunes. Seront-ils représentés dans votre gouvernement ?
La coalition qui nous a fait élire va représenter la Gambie.

Quel sera l'avenir de la liberté de presse sous votre présidence ?
La presse sera très libre. Nous sommes de bons amis de la presse. Nous pensons que l'information est quelque chose de très important. Elle permet d'éviter la rumeur qui peut avoir des conséquences psychologiques sur les gens, moi aussi j'ai été affecté.
Qu'allez-vous faire pour les victimes et les auteurs des violations des droits de l'homme ?
Une commission vérité et réconciliation sera mise en place. Nous devons connaître la vérité. Nous le ferons sur la base des recommandations de cette commission. Nous devons d'abord connaître la vérité.
Yahya Jammeh sera-t-il concerné par cette commission ?
Tout le monde sera concerné. Nous devons connaître la vérité et il en fait partie. Il a été chef de l'Etat pendant 22 ans. Nous devons connaître la vérité. Une fois la vérité connue, nous verrons ensuite comment organiser la réconciliation et aller de l'avant.
Pour la CAN de football, je supporte les Lions du Sénégal.

Y aura-t-il des sanctions ?
Il y aura des recommandations faites par la commission vérité et réconciliation. Nous les suivrons. De ces recommandations dépendra la réparation du préjudice subi par les victimes. Il y aura la justice pour tout le monde.

Le pont prévu sur le fleuve Gambie, pour faciliter la jonction entre le nord et le sud de votre voisin, le Sénégal, qu'en pensez-vous ?

Concernant le pont, nous verrons ce qu'il est possible de faire. Mais je crois qu'il sera possible de le construire. J'y crois. Nous devons veiller à ce qu'il n'y ait pas d'erreurs parce que avec le Sénégal, nous sommes un même pays.

Que comptez-vous faire de la NIA, la redoutée agence de renseignement de Yahya Jammeh ?
Nous allons nous en débarrasser. Il n'y aura plus de NIA, rien que le nom continue d'effrayer les Gambiens. Nous changerons complètement le nom. Ses agents seront des professionnels et ils ne feront que du renseignement…
 

BBC Afrique

Dimanche 22 Janvier 2017 - 09:42


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