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Assassinat des envoyés spéciaux de RFI: «Continuer, c'est le meilleur hommage qu'on puisse leur rendre»

Ils sont une centaine, vous les écoutez et les lisez tous les jours. Les correspondants de RFI souhaitent s’associer à l’hommage à nos amis et collègues Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés au Mali. De très nombreux correspondants font partie du collectif Spartacus. Eric Samson, correspondant de RFI en Equateur et au Pérou, est l’un des fondateurs de ce groupe.



Assassinat des envoyés spéciaux de RFI: «Continuer, c'est le meilleur hommage qu'on puisse leur rendre»

RFI : Eric, comment avez-vous réagi en apprenant l’assassinat de Claude Verlon et Ghislaine Dupont, samedi à Kidal, dans le nord du Mali ?
 

Eric Samson : Avec le même mélange de tristesse, de colère, de révolte, de condamnation que l’on écoute, que l'on lit, dans les milliers de messages reçus par RFI. Notre réseau était déjà très mobilisé autour du cas de Nicolas Hénin, enlevé cet été en Syrie et qui est l’un des nôtres. L’annonce de l’enlèvement suivi de l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon nous a donc tous bouleversés. On l’a senti très vite lorsque des dizaines, voire des centaines de messages ont commencé à s’accumuler dans nos boîtes. Spartacus est un collectif de correspondants de médias francophones. Tous ne travaillent pas pour RFI, mais aujourd’hui nous nous sentons membres non seulement de la famille RFI mais de la grande famille des travailleurs de l’information.
 

 Ghislaine Dupont, Claude Verlon : deux professionnels passionnés du terrain

Et vous avez tenu à faire un geste...

A la mesure de nos moyens, qui ne sont pas gigantesques. Certains de nos membres vont se déplacer à Paris pour assister à l’hommage rendu à Ghislaine et Claude [ce mercredi 6 novembre, à 14h30 au musée du Quai Branly, à Paris, ndlr]. Nous avons également décidé de nous cotiser pour acheter trois arbres de vie. Deux pour les familles et le dernier, que nous souhaitons remettre à Cécile Mégie [directrice de RFI]. Ces bonsaïs nous semblent être un beau symbole. Un arbre, ça vit, ça grandit, c’est debout, ça a des racines. Ça donne des fruits, comme Ghislaine et Claude…

 

 
 
Au-delà de la tristesse, il y a également dans Spartacus un grand sentiment de respect, d’admiration et de remerciement pour Ghislaine et Claude, qui sont tombés parce qu’ ils n’ont pas eu peur de faire leur boulot.
 
Eric Samson

En tant que correspondants, vous êtes nombreux à travailler dans des pays et dans des zones dangereuses. Ce drame vous a-t-il renvoyé aux risques que vous courrez en faisant votre métier ?
 

Ce drame nous rappelle effectivement que nous sommes vulnérables et que nous sommes parfois des cibles. Les situations des correspondants varient évidemment de pays en pays, mais nous sommes nombreux à couvrir des zones où faire notre travail n’est parfois pas simple. Couvrir l’activité des cartels de la drogue au Mexique ou en Colombie, les conflits en Afghanistan, au Pakistan, les révoltes dans le monde arabe, sans oublier les conflits en Afrique, pour ne citer que quelques exemples… Les correspondants que nous sommes ont l’avantage et l’inconvénient de vivre sur place depuis parfois 20 ans, 30 ans. On connaît le terrain, les interlocuteurs, mais on est aussi visibles, parfois connus. On a un domicile, de la famille sur place. Il n’est pas difficile de nous trouver, et c’est toujours un risque.
 

Ce qui est arrivé à Ghislaine Dupont et Claude Verlon va-t-il inciter les correspondants à moins s’exposer ?
 

Réfléchir sur nos conditions de travail, oui. Renoncer à faire notre travail, jamais. Comme tous les journalistes, nous ne sommes pas armés lorsque l’on va travailler dans des zones « chaudes ». On ne se déplace pas dans un tank, ni avec une escouade de gardes du corps. Donc, si on nous cherche pour nous tuer, on nous trouvera. Il y a des moments où la seule précaution valable, c’est de ne pas y aller. Mais cela, c’est aussi la négation de ce que nous sommes, de ce que représente notre mission. C’est pour cela qu’au-delà de la tristesse et des condoléances que nous envoyons aux familles et à nos amis de RFI, il y a également dans Spartacus un grand sentiment de respect, d’admiration et de remerciement pour Ghislaine et Claude, qui sont tombés parce qu’ ils n’ont pas eu peur de faire leur boulot. Et évidemment, notre engagement est de continuer, nous aussi, à faire de même. Je crois que c’est le meilleur hommage que l’on puisse leur rendre.


Rfi.fr

Mercredi 6 Novembre 2013 - 12:25


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