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Burundi: vivre avec la peur des représailles

Officiellement, la commission électorale burundaise doit proclamer les résultats provisoires de la présidentielle ce vendredi. Si de l'avis de tous les observatoires, la participation a été plus faible que pour les législatives et les communales, la Céni devrait annoncer un taux de participation supérieur à 70%. Et il ne fait guère de doute que Pierre Nkurunziza sera déclaré vainqueur. En attendant, la tension ne faiblit pas dans les quartiers contestataires de Bujumbura, où les populations vivent dans la peur.



Au Burundi, les partis politiques d'opposition se plaignent de plus en plus du harcèlement ou des violences commises à l'encontre de leurs militants. Les habitants des quartiers contestataires disent vivre dans la crainte de descentes de la police et d'attaques de la jeunesse du parti au pouvoir, les Imbonerakure. Selon les organisations de défense des droits de l'homme, deux formations sont particulièrement visées : le MSD d'Alexis Sinduhije et les FNL d'Agathon Rwasa, membres de la coalition Amizero y'Abarundi. Jeudi encore, deux militants et sympathisants de l'ex-chef rebelle ont été tués dans le même quartier.

Ils sont plusieurs centaines à s'être réunis autour de la maison de la famille d'Emmanuel, assassiné la veille. Des femmes assises, beaucoup en larmes, des jeunes debout, le visage grave. « Les gens qui lui ont tiré dessus, on les connaît, ils habitent ici. On les connaît bien. Ces sont des Imbonerakure », affirme un jeune homme. Emmanuel était un sympathisant du parti de l’opposant Agathon Rwasa, le FNL, explique-t-on ici.

RFI : « Pourquoi s’en sont-ils pris à lui ? » « Si on est membre d’Agathon Rwasa, on est recherché partout ; partout où tu vas, on te trouve, indique-t-il. Non, on n’est pas en sécurité ici. Demain peut-être que ce sera moi à sa place. »

Soudain, la plupart des conversations s'interrompent. Le cercueil ressort, un cortège se forme autour de lui. « On l’accompagne ensemble dans le calme jusqu’à l’enterrement », indique un homme présent dans le cortège.

Plusieurs dizaines partent à pied, d'autres sont à moto, en voiture ou en camion. Arrivés au cimetière, ils apprennent qu'un autre sympathisant d'Agathon Rwasa a été tué. Certains parlent d'un crime crapuleux, d'autres sont persuadés que c'est là aussi pour des raisons politiques.


Les jeunes proches du pouvoir également inquiétés

Mais la peur est des deux côtés au Burundi. Les jeunes du parti au pouvoir qui subissent eux aussi des représailles connaissent eux aussi ce sentiment. Reportage à Matakura.

Jeudi matin, la police débarque en nombre dans le quartier. Objectif : libérer un jeune qui avait été capturé. « Un informateur de la police, un Imbonerakure, est venu, raconte un habitant du quartier. Des jeunes du quartier lui sont tombés dessus et ont alors essayé de le ligoter pour lui soutirer des informations. » Le captif, une fois libéré, dénonce un jeune du quartier qui est immédiatement arrêté. Mais selon cet habitant du quartier, le garçon arrêté ne faisait pas partie du groupe de jeunes en question.

Dans ce quartier où la police est intervenue à plusieurs reprises, où deux militants de l'opposition ont été exécutés récemment, tout étranger devient suspect. La veille, un autre jeune, soupçonné de travailler avec la police, avait été capturé et battu à mort. « Il a refusé de livrer des informations, alors il a été tabassé », explique encore cet habitant de Matakura.

RFI : « Est-ce que vous regrettez ce qui s’est passé ? » « Bien sûr, poursuit-il, on ne peut que regretter quand on voit des gens mourir. C’est catastrophique ce qui se passe dans ce pays. »

« Nous sommes arrêtés, tués par la police et la milice Imbonerakure et nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour nous défendre », expliquent souvent ces jeunes. « Ce sont des criminels qui torturent et tuent », rétorque la police.


Rfi

Vendredi 24 Juillet 2015 - 08:38


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