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Il faut militariser la lutte contre Ebola

C'est l'avis de Peter Piot, co-découvreur du virus. Il pense aussi qu'Ebola n'est plus une épidémie, mais une «crise humanitaire majeure qui va durer».



Il faut militariser la lutte contre Ebola
«Nous avons perdu un temps considérable. Les bons réflexes n’ont pas été mis en œuvre en temps et en heure. Désormais, la réponse à la situation épidémiologique ne doit plus être du seul ressort de la médecine. Il faut en urgence passer à une réponse d’une toute autre ampleur. Parallèlement à la militarisation de l’action médicale, il faut élargir la mobilisation internationale et onusienne, inclure le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM).» 
C’est l'analyse faite aujourd'hui par le professeur Peter Piot, co-découvreur du virus Ebola (en 1976 au Zaïre), ancien directeur d’Onusida (de 1995 à 2008) et aujourd’hui directeur de l’Ecole d'hygiène et médecine tropicale de Londres.
«Je pense avoir été dans les premiers à dire qu’il fallait déclarer l’état d’urgence et une forme de militarisation de la lutte. Et pour être efficace, cette lutte réclame la mobilisation de moyens qui dépassent de très loin ceux qui ont été jusqu’ici mis en œuvre. Outre des forces armées sanitaires, seuls le PAM et le HCR sont à la hauteur de ce défi. Eux seuls ont le savoir faire et le matériel assurant la mise en place et l’intendance de camps de réfugiés pour plusieurs milliers de personnes. Il nous faut changer de perspective et le faire au plus vite. Ebola n’est plus seulement une épidémie, c’est une crise humanitaire majeure. C’est à cette aune qu’il faut désormais agir. Et agir vite.»
Pour Piot, le temps n’est plus où les mécanismes habituels de lutte contre les bouffées épidémiques d’Ebola pouvaient se révéler efficaces –comme les Congolais viennent de le démontrer dans la zone de santé de Boende (province de l'Equateur) où ils ont réussi, sans aide extérieure, à maîtriser une épidémie d’environ soixante-dix cas.
«Face à Ebola, l’isolement des personnes suspectes, la quarantaine des personnes infectées, cela marche, mais uniquement pour des villages, des petites villes, souligne Peter Piot. Rien ne va plus quand on passe à une autre échelle, comme c’est le cas au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée. Il y a, bien sûr, la prise en charge et la mise en quarantaine des malades, comme l’a fait et continue de le faire remarquablement MSF. Il faut plus de lits, plus de personnels, plus de matériels. Mais tout cela ne va pas stopper l’épidémie. Le plus grand défi est ailleurs: il est dans l’arrêt de la transmission du virus au sein des communautés, de la population.»


Jeudi 2 Octobre 2014 - 12:10


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